La marque horlogère suisse Tag Heuer, propriété du géant du luxe français LVMH, a donné jeudi la réplique au groupe californien Apple sur la montre connectée en s'alliant avec Google et Intel, deux autres géants de la Silicon Valley.

Jean-Claude Biver, le patron du pôle horloger de LVMH, le numéro un mondial du luxe, a dévoilé ce partenariat à Baselworld, le salon international de l'horlogerie et de la joaillerie qui se tient chaque année en Suisse, donnant ainsi le ton de ses ambitions.

«La Silicon Valley et la Suisse vont conquérir le marché de la montre connectée», a déclaré Jean-Claude Biver, le patron de Tag Heuer, lors d'une conférence de presse.

Ces trois partenaires entendent créer ensemble une montre connectée de luxe, qui se veut un mariage entre la technologie et la tradition horlogère suisse.

Elle devrait être présentée d'ici la fin de l'année, a expliqué Jean-Claude Biver qui n'a toutefois voulu révéler ni son prix, ni ses futures fonctionnalités.

«Nous ne voulons pas que la concurrence sache ce que nous allons faire. Nous voulons qu'elle soit surprise», a-t-il plaisanté.

Montre du futur et fromage suisse

Connu pour son talent pour créer l'événement, Jean-Claude Biver a scellé cette union en découpant, ensemble, un fromage suisse de 37 kg produit dans sa propre ferme, le patron du pôle horloger de LVMH entretenant jusqu'au bout ses racines helvétiques.

«C'est certainement le premier événement presse où je vais qui comporte un fromage» s'est amusé Michael Bell, le directeur général des nouveaux appareils chez Intel.

«Plus sérieusement, je pense que les technologies portables vont décoller» a-t-il poursuivi, expliquant que ces objets ont cependant une composante très personnelle.

«C'est quelque chose qui représente qui vous êtes et comment vous voulez être vu», a-t-il expliqué.

Sur ce point, les sociétés de technologies ne sont pas les mieux placées pour comprendre ce qu'attendent les consommateurs, a reconnu Micheal Bell, qui était vêtu d'un ample polo noir, typique du look décontracté de la Silicon Valley.

«Nous pensons que cela nécessite un partenariat avec des acteurs établis dans ce domaine qui comprennent les consommateurs, la mode et les objets de désir», a-t-il affirmé, alors que les trois partenaires expliquaient tour à tour les raisons qui les ont amenés à forger cette alliance.

David Singleton, le directeur de l'ingénierie pour Android Wear chez Google, a de son côté rendu hommage à l'innovation déployée dans les montres mécaniques de Tag Heuer.

«Cette innovation m'a réellement inspiré, moi et mon équipe dans la Silicon Valley lorsque nous imaginions l'expérience de la montre du futur», a-t-il déclaré.

La montre pourrait toutefois ne pas bénéficier du fameux label «Swiss Made» qui exige que 60% de la valeur des composants soient fabriqués dans le pays pour certifier de sa qualité suisse.

Cette future montre sera fabriquée à 80% en Suisse mais pourrait toutefois ne pas répondre aux critères exigés, en raison des questions autour du microprocesseur, une des composantes clef, a expliqué Jean-Claude Biver qui précisé que des négociations avaient été engagées.

«Si nous inscrivons Intel Inside cela a probablement plus de valeur pour une montre connectée», a-t-il cependant jugé.

De nombreux horlogers suisses s'étaient montrés perplexes dans un premier temps face à la montre connectée.

Récemment, certaines marques suisses, dont Breitling et Frédérique Constant, se sont toutefois lancées dans la course, cherchant à allier luxe et technologie pour garder la haute main sur ce marché.

Selon le World Watch Report, une étude publiée chaque année durant le salon par le cabinet de recherche Digital Luxury Group, les internautes sont de plus en plus nombreux à lancer des requêtes associant le terme «montre connectée» au nom de leurs marques de luxe préférées.

Cette étude, qui décrypte les requêtes des internautes pour les produits de luxe, a mis en lumière un vif intérêt pour le produit de Montblanc, une marque du groupe concurrent de LVMH Richemont, qui a dévoilé un bracelet connecté lors du salon horloger de Genève en janvier, mais aussi pour des griffes qui n'ont pour l'instant fait aucune annonce sur le sujet, à l'image de Rolex, une des plus prestigieuses marques suisses.