Besoin d'une copie de votre bague de mariage? D'un autre plaque pour le collier du chien? Ou d'une pièce de rechange pour la machine à laver? Le salon haute technologie CeBIT de Hanovre vous offre la solution: imprimez-les!

Des robots connectés aux imprimantes 3D capables de transformer maisons et écoles en labos d'ingénieurs ou en mini usine, ce traditionnel rendez-vous de la haute technologie, qui se tient du 16 au 20 mars, donne un aperçu de ce que la convergence du physique et du virtuel va apporter à notre quotidien, par exemple la possibilité de réaliser ses propres cadeaux de Noël.

Parmi les multiples projets, «Robochop» est à l'évidence l'un des plus impressionnants : d'imposants bras articulés modèlent à l'aide d'un fil chauffé des cubes de mousse, formant des meubles ou des sculptures.

Moitié spectacle de haute technologie, moitié installation artistique, le projet propose aux internautes de créer leurs propres plans et de les envoyer aux robots, chargés alors de les réaliser.

Les 2000 «sculptures» les plus intéressantes seront adressées gratuitement à leurs créateurs, où qu'ils soient dans le monde, expliquent les promoteurs du concept, Clemens Weisshaar et Reed Kram, pour lesquels «Robochop» est «un moyen de transformer les chiffres en choses».

«Ces robots sont de mini-usines qui ne sont pas connectées au propriétaire de l'usine mais à tout un chacun», explique M. Weisshaar à l'AFP. «C'est ça qui va complètement changer dans les prochaines années : le logiciel permettra à l'utilisateur de prendre le contrôle de la machine sans avoir le bagage technique dont vous auriez normalement besoin si vous achetiez le robot», poursuit-il.

De fait, l'imprimante 3D a été pendant des années un outil précieux pour les créateurs, les ingénieurs, les architectes ou les chercheurs qui l'ont utilisée pour réaliser des modèles ou des prototypes.

Dentiers et vaisseaux spatiaux

«En réalité, la technologie date de plus de 25 ans, mais elle a été couverte par des brevets», explique Sara Bonomi, de l'entreprise formlabs, qui conçoit des imprimantes 3D de bureau haute résolution capables, grâce à des lasers, de modéliser de façon très précise de multiples objets en résine, des bijoux aux dentiers en passant par les vaisseaux spatiaux aperçus dans le film Interstellar...

«L'industrie (de l'impression 3D) se développe désormais parce que les brevets arrivent à expiration et que, par conséquent, la technologie est accessible à tous», analyse-t-elle. Financièrement plus abordable, elle va rentrer dans les foyers, ce qui va changer la vie des gens, prédit-elle.

«Nous serons à l'avenir capable de personnaliser des bagues et des chaussures et de les imprimer chez nous», explique-t-elle, concédant que cela pourra ouvrir plus largement les portes de la contrefaçon et poser des problèmes de droits d'auteurs.

«Dans 10 ans, le monde sera beaucoup plus facile à vivre», prédit de son côté Vitezslav Musilek, de l'entreprise tchèque be3D.

«Si vous avez besoin d'une pièce de rechange ou d'un nouveau produit, vous pourrez soit le télécharger depuis une page internet, soit faire vous-même la maquette afin de l'imprimer sur votre propre imprimante 3D», s'enthousiasme-t-il.

Et d'égrener les applications concrètes : boîte pour téléphone portable, plaque nominative pour le chien, pièce manquante d'une machine à laver...

Mais à ce rythme, la révolution 3D et sa démocratisation annoncée va-t-elle charrier de nouvelles montagnes de déchets, dans un monde pourtant déjà en proie à d'importants problèmes de pollution?

Pas forcément, tempère Vitezslav Musilek : son entreprise, be3D, a ainsi créé une imprimante 3D baptisée DeeGreen. Un appareil, présenté comme éco-responsable, utilise des matières thermoplastiques constituées à 80% d'amidon de maïs biodégradable et qui ne dégagent aucune émanation toxique.

«Quand vous le mettez au compost, avec la bonne température, l'humidité et les bactéries, l'objet 3D se dissout complètement. Il ne laisse aucune pollution», se félicite M. Musilek.