Les technologies portables sont en plein essor. On les retrouve à la cheville des joggeurs, au poignet des professionnels BCBG... et au collier de Rex. Les accessoires intelligents et connectés pour animaux sont à la mode et ils ont indéniablement du mordant. Tour d'horizon.

DE PETITS LUXES POUR LES ANIMAUX

Les accessoires intelligents destinés aux animaux de compagnie gagnent en popularité. Les experts prédisent une forte croissance de ce marché au cours des années qui viennent. Qu'est-ce qui motive les acheteurs à adopter de telles technologies ?

« Les gens font de leur compagnon un être intégré dans la famille. Ils lui achètent des produits ou services similaires à ceux qu'ils s'achèteraient et veillent davantage à leur santé », explique Rénald Sabourin, directeur général adjoint du Conseil consultatif mixte de l'industrie des animaux de compagnie (PIJAC Canada).

Les technologies portables sont donc la nouvelle addition à la liste des petits luxes pour les animaux, comme les traitements d'hydrothérapie et les spas pour chien.

Les amateurs de techno ont d'abord emboîté le pas lorsqu'un produit leur a permis de récolter de l'information à propos de leur activité physique. Le développement d'un gadget similaire pour chien était donc la suite naturelle des choses. Après Fitbit, Fitbark.

LA TECHNO DANS LES ANIMALERIES

Les animaleries, elles, suivent la tendance. La boutique d'animaux Chico, une chaîne de la grande région de Montréal, n'a pas de difficulté à écouler ses gadgets techno. « Il y a certainement de l'intérêt pour ces produits », note Pierre Charbonneau, propriétaire de la chaîne.

Il ne s'agit toutefois pas d'une manne pour toutes les boutiques. Bien que plusieurs d'entre elles se soient lancées dans la vente de ces produits, les consommateurs ne sont pas toujours au rendez-vous.

« J'ai plusieurs Eyenimal Petcam en stock, une caméra que l'on attache au collier d'un chat. Je l'ai mise à 50 % sur mon comptoir et je ne suis pas capable de la vendre. En plus, mon distributeur m'avait fait un rabais », raconte Benoît Lussier, gérant de la boutique pour animaux Croque en Bol, sur l'avenue du Mont-Royal, à Montréal.

Dans l'ensemble, les experts prédisent que la tendance poursuivra son envol.

En 2025, la valeur du marché international de la techno pour les animaux devrait atteindre 2,6 milliards US, selon IDTechEx, une firme d'études de marché du secteur animalier. Le nombre d'entreprises fabriquant ces appareils pourrait passer de 300 à 500.

Cinq accessoires intelligents pour animaux de compagnie

Bien qu'il s'agisse d'une tendance récente, il existe déjà une large gamme de produits et accessoires intelligents destinés aux animaux. Les voici.

EYENIMAL PETCAM

Le Petcam, c'est un peu la GoPro des amoureux d'animaux. Il s'agit d'une petite caméra qui s'attache au collier de son animal et qui enregistre tout ce qu'il voit de sa perspective. Un microphone permet aussi d'enregistrer les doléances de ses voisins lorsque l'animal favori décide d'aller marquer son territoire de l'autre côté de la clôture.

La Petcam peut être commandée de partout en Amérique du Nord sur le site web de www.pettechworld.com au prix de 81,08 $ US.

Pour une trentaine de dollars de plus, la Eyenimal Cat Videocam offre la vision de nuit et la détection de mouvement. www.eyenimal.com

FITBARK

FitBark est un petit appareil, de la taille d'un pouce, qui s'attache au collier de son chien. Ce petit accessoire intelligent, en forme d'os, permet de faire un suivi de l'activité physique de son animal de compagnie. Les informations récoltées par FitBark sont ensuite envoyées vers son appareil mobile par Bluetooth. L'appli génère des statistiques et permet de voir, entre autres, le nombre d'heures de jeu et de repos de son animal favori. On a donc un aperçu de sa santé et de son comportement en un coup d'oeil. 

L'appli est compatible avec iOS et Android. Le FitBark peut être acheté directement sur le site de l'entreprise au coût de 99,95 $ US. L'appareil est aussi en vente chez Best Buy et Future Shop. www.fitbark.com



G-PAWS


Le G-Paws est un petit appareil, gros comme un briquet, qui s'attache au collier de sa boule de poil. Il enregistre ses déplacements et l'heure de ceux-ci grâce à un récepteur GPS. Les données peuvent ensuite être téléchargées sur un ordinateur, en branchant G-Paws avec un fil USB, puis envoyées vers le site web de l'entreprise. On peut enfin partager les aventures de son animal sur les réseaux sociaux et tracer ses déplacements sur Google Maps. «Nous avons déjà enregistré un total de 1 million de kilomètres en déplacements d'animaux domestiques», note Dave Evans, fondateur de l'entreprise. 

G-Paws est utile pour avoir une idée d'où trouver son animal en cas de fugue. L'accessoire résiste à l'eau et pèse 12 g. Le G-Paws peut être commandé sur le site web de l'entreprise pour 96,17 $. www.g-paws.com



STICKNFIND

StickNFind est une pastille autocollante de la taille d'une pièce de monnaie. Elle permet de situer l'objet sur lequel elle est collée à l'aide d'un appareil mobile muni de fonctionnalités Bluetooth. La portée du gadget est d'environ 30 m. L'appareil peut naturellement être utilisé pour retrouver ses valises et ses clefs. Mais l'appli de StickNFind offre une fonctionnalité particulière à ceux qui posent l'autocollant sur le collier de Fido. C'est la laisse virtuelle. Il s'agit d'une alarme qui est déclenchée lorsque l'animal de compagnie se déplace au-delà d'une limite de distance préétablie. 

Le StickNFind peut être acheté sur le site web de l'entreprise au coût de 49,99 $ US pour deux pastilles intelligentes. Compatible avec iOS et Android. www.sticknfind.com



VOYCE

Voyce est un collier intelligent pour chien similaire à FitBark, mais en plus high-tech - et plus dispendieux. Il s'agit d'un gadget ayant pour but de suivre la santé et le bien-être de Rex. Le collier nouveau genre se connecte à l'ordinateur ou à l'appareil mobile du maître et transmet des statistiques sur la distance parcourue, les calories brûlées, le temps de sommeil, le rythme cardiaque et la fréquence respiratoire du chien. Les données sont téléchargées à l'aide du WiFi. L'appareil dispose d'une autonomie d'une semaine et résiste à l'eau ainsi qu'à la poussière. 

Le collier Voyce coûte 299 $ US, plus des frais d'adhésion annuels d'une centaine de dollars. L'entreprise ne vend pour l'instant qu'aux États-Unis, à partir de son site web. www.mydogsvoyce.com

Photo fournie par FitBark

Au service de la santé, du savoir et du sport

L'intérêt pour les accessoires intelligents a explosé en 2013, révèle Google Trends. Mais les professionnels du monde animal ne sont pas impressionnés. Ils utilisent cette technologie depuis déjà des décennies. Les avancées techniques leur permettent néanmoins de faire plus avec moins et de rêver à de nouvelles fonctionnalités.

« Tous les flamants roses sont pareils. Un flamant, c'est un flamant », remarque d'emblée Patrick Paré, biologiste et directeur de la recherche et de la conservation au Zoo de Granby.

Cela complique la tâche de les identifier. Une solution est de leur mettre une bague d'identification en plastique. Une autre option, plus 2015, consiste à leur implanter une micropuce en forme de grain de riz, longue de 6 à 12 mm, sous la peau.

Celle-ci émet une radiofréquence qui permet d'identifier l'animal au moyen d'un lecteur portatif et de le relier à son dossier informatique.

« J'ai une girafe, ici, qui a 20 ans. Je peux retracer chaque année de sa vie et savoir, par exemple, s'il y a des objets qu'elle préfère ou si elle a été soignée », illustre M. Paré. Le zoo se sert de ces puces pour identifier plusieurs de ses animaux.

Cette technologie n'est toutefois pas exactement nouvelle. « Ça fait 22 ans que je suis dans le domaine des zoos. Ça existe d'aussi loin que je me souvienne », dit M. Paré.

Les percées technologiques permettent maintenant aux accessoires intelligents de transférer les données colligées par satellite ou au moyen d'une antenne portative. Plus besoin de recapturer les animaux pour lire les données.

« On utilise des colliers émetteurs pour faire de la recherche. On s'est déjà servi d'un bracelet de géolocalisation, connecté à un satellite, pour évaluer si nos éléphants faisaient suffisamment de marche au cours d'une journée », raconte M. Paré.

Des dispositifs intelligents similaires sont aussi utilisés sur des animaux sauvages pour étudier, par exemple, l'étendue territoriale habitée par des tortues menacées, le mouvement migratoire des caribous et le comportement des polatouches.

AU SERVICE DES ÉLEVEURS

Les éleveurs bovins, eux, se servent d'une technologie semblable aux micropuces du zoo pour identifier leurs animaux et, par exemple, enregistrer de l'information relative à leur production de lait.

Ils ont, dans leur arsenal techno, d'autres outils beaucoup plus puissants pour évaluer la santé et la productivité de leurs animaux. Il existe entre autres deswearables permettant de mesurer le déplacement des vaches, d'établir si elles ont brouté suffisamment, de connaître leur température et de savoir durant combien de temps elles ont été couchées.

D'autres appareils aident à déterminer si une vache est en chaleur. « Ce n'est pas tout le monde qui a l'oeil pour ça. En plus, le producteur n'a qu'un nombre de minutes donné par jour pour observer les signes », explique Jean-Philippe Roy, professeur à la faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal.

Dans la plupart des cas, les appareils envoient les données recueillies directement vers l'ordinateur de l'éleveur en passant par une antenne installée dans l'étable. Parfois, les informations sont envoyées dans le nuage et analysées par un fournisseur de service qui recommande des actions à prendre.

« Les technologies portables sont en ébullition. On les utilise de plus en plus chaque année et beaucoup de nouveaux systèmes sont développés. J'ai l'impression que ce sera la norme d'ici quelques années », prédit M. Roy.

INNOVATIONS QUÉBÉCOISES

La course aux nouveaux produits est donc lancée. Et le Québec y participe.

Maryse Tanguay est enseignante et vétérinaire au Cégep de Saint-Hyacinthe. Elle travaille aussi au Groupe CTT, un centre de transfert technologique. Son mandat : trouver des applications pour les textiles intelligents dans le domaine vétérinaire.

Les projets sur lesquels elle travaille sont, pour l'instant, top secret. Ils ne sont pas brevetés et elle veut éviter de révéler de l'information sur les produits en développement. « Mais l'industrie est très intéressée », confie-t-elle. L'avenir de certaines spécialités vétérinaires repose même sur les innovations dans ce domaine, selon certains experts.

« Il y a également de l'intérêt dans le domaine équin. On peut imaginer, par exemple, des vêtements intelligents qui détectent certains paramètres physiologiques des chevaux et qui aident à optimiser leur entraînement. Un peu comme les athlètes olympiques. »