Ils veulent ressembler aux humains et communiquer comme eux, mais les robots présentés au salon d'électronique grand public International CES de Las Vegas entendent moins les remplacer que leur porter assistance.

«Bonjour, je m'appelle Chihira Aico. J'ai 32 ans, même si techniquement je suis née en septembre 2014. Regardez comme je suis expressive!»: la Japonaise de 1,65 mètres toute de rose vêtue sur l'étal Toshiba au CES parle, chante, s'exclame en levant les bras, cligne des yeux et sourit. Mais sa peau au grain hyperréaliste est en silicone, et elle cache des petits moteurs pneumatiques, dont 15 pour le seul visage.

«Nous lui avons donné l'apparence d'un être humain, parce que la vraie communication passe aussi par les expressions faciales et les gestes», explique à l'AFP Taihei Yamaguchi, un responsable du groupe japonais.

Le robot parle ici en anglais, mais devrait à terme maîtriser n'importe quelle langue, y compris celle des signes. Il n'est pas encore interactif (il fonctionne au CES avec un programme automatique) et ne peut pas encore se déplacer de manière autonome, mais ça viendra «dans un futur proche», assure Taihei Yamaguchi.

«Un objectif, ce sont les Jeux Olympiques» organisés à Tokyo en 2020, où Chihira Aico pourrait servir d'hôtesse d'accueil, mais «son objectif principal est de servir dans le secteur de la santé», indique-t-il.

Dans sa démonstration, le robot lui-même envisage aussi de devenir «conseillère, présentatrice de journal télévisé ou meneuse de claque».

Ne pas faire peur

Le réalisme de Chihira Aico est néanmoins un peu troublant. Un risque que ne veulent pas courir les fabricants de la plupart des robots du CES: même si beaucoup ont une allure androïde, ils semblent plutôt sortis de «La Guerre des Étoiles» que de «Blade Runner».

«Meccanoid», présenté par le spécialiste des jeux pour enfants Spin Master, a ainsi un corps constitué de pièces de meccano en polycarbonate, et deux grosses lampes rondes en guise de yeux surdimensionnés.

«Vous pouvez lui faire parler n'importe quel langage ou réaliser n'importe quel mouvement» assure Bryce Flowers lors d'une démonstration au CES. Il danse ou «tope là», mais «il ne va pas faire la cuisine pour vous», reconnaît-il toutefois.

Certains de ses cousins se veulent plus productifs.

L'entreprise sud-coréenne Future Robot présente ainsi deux modèles à roulettes d'environ 1,60 mètre reproduisant à gros traits l'anatomie humaine. La tête porte une petite tablette affichant un visage faisant penser à un manga, son corps porte un plus grand écran tactile.

«Il peut bouger par lui-même. Quand quelqu'un s'approche, il peut le reconnaître et lui parler», même si ses capacités de conversation restent «d'un niveau basique», détaille Si-Hyeon Kim, qui représente l'entreprise au CES.

Surtout, «vous pouvez le personnaliser, il peut faire de la publicité, de l'impression de tickets, des services bancaires», énumère-t-il, relevant que l'appareil est par exemple en service dans un aéroport de Rio de Janeiro.

Le robot blanc et noir Sopo de l'entreprise américaine Opobotics ne mesure lui que 70 centimètres de haut: à son torse en forme de sablier sont accolés deux cônes un peu plus longs à roulettes en guise de jambes, le tout surmonté d'une tête carrée.

Équipé d'une poubelle ou d'un plateau, et «il peut se promener tout seul sans rentrer dans rien», assure Kevin Shah, le responsable marketing d'Opobotics. «Il peut vous apporter une boisson» lors d'une fête ou «se promener dans un grand magasin et saluer les clients».

«Les enfants et les animaux l'adorent», assure-t-il, invoquant son «apparence chaleureuse, pas effrayante».

«Nous voulions avoir quelque chose qui ait l'air amical, pas trop robotique, effrayant ou intimidant», explique aussi Jon-Michel Sereda, sur le stand de l'entreprise américaine Five Elements Robotics.

Le résultat, c'est un grand bac en toile sur roulettes, surmonté d'un long cou courbé se terminant par une «tête» ovale semblant sortir d'un dessin animé, avec des oreilles et des cheveux stylisés, et deux grosses lampes clignotantes pour les yeux.

De la taille d'un enfant, il suit automatiquement l'utilisateur grâce à un petit émetteur de quelques centimètres à porter sur soi.

«Budgee est un assistant personnel qui vous suit et vous aide à porter jusqu'à 22 kilos» de courses, linge, livres ou bagages, explique M. Sereda. «Nous l'avons construit avec l'idée d'aider des handicapés en fauteuil roulant.»