Des milliers de vidéos provenant de webcams, de caméras de surveillance ou même de moniteurs bébés au Royaume-Uni, aux États-Unis ou en France, ont fait leur apparition sur un site russe, une pratique dénoncée par le gendarme britannique du numérique.

Au total, 125 pays sont concernés, a-t-il souligné, expliquant que ce site russe, qui opère depuis un mois, profite d'une défaillance des systèmes de protection ou de l'absence de mot de passe pour accéder à ces images.

Les images de plus de 4500 caméras aux États-Unis, 2059 en France et 500 au Royaume-Uni, ont fait leur apparition sur ce site, dont une filmant la chambre d'un enfant à Birmingham, une autre un club de gym à Manchester ou encore un pub à Stratford.

Des caméras ont aussi été piratées au Pakistan, aux Émirats arabes unis ou au Brésil.

Le site classe les images par pays et par appareil. Parmi les marques de webcams les plus citées figurent la Chinoise Foscam, l'Américaine Linksys et la Japonaise Panasonic.

Interrogé par l'AFP, Linksys a expliqué qu'il essayait de déterminer lesquelles de ses caméras étaient référencées sur le site.

«Nous pensons que ce sont de vieux modèles, qui ne sont plus fabriqués. Pour ces caméras, nous n'avons pas les moyens d'obliger les clients à changer leurs mots de passe par défaut», a expliqué par courriel un porte-parole. Quant aux nouvelles caméras, un message d'avertissement apparaît tant que leurs détenteurs n'ont pas changé le mot de passe par défaut, a-t-il ajouté.

Le commissaire à l'information du Royaume-Uni, Christopher Graham a déclaré qu'il avait demandé aux autorités russes la fermeture de ce site, dans une interview à la radio BBC 4 jeudi. En attendant, il a appelé les détenteurs de caméras à changer leurs mots de passe et à les sécuriser davantage.

«Nous devons mûrir à ce sujet. Ces instruments sont très pratiques si vous voulez vérifier que votre enfant ou votre boutique vont bien, mais tout le monde peut y accéder à moins que vous n'ayez un mot de passe efficace», a-t-il dit. «Si vous tenez à votre vie privée, prenez les mesures de sécurité basiques» ou alors «éteignez vos appareils», a-t-il ajouté.

M. Graham a par ailleurs salué la coopération avec les autorités des autres pays concernés. «Je pense que cela a démarré à Macao et Hong Kong, qui ont alerté les Australiens. Ils ont alerté les Canadiens qui nous ont alertés», a-t-il détaillé.

Il a expliqué être au courant depuis 24 heures «mais nous avons travaillé à déterminer la meilleure façon d'agir parce que nous voulons prendre des mesures réglementaires».

«Nous voulons prendre des actions très rapides, en coopération avec la Federal Trade Commission aux États unis pour faire fermer» ce site, a-t-il ajouté.

Selon lui, le site géré par des Russes est enregistré dans un territoire offshore sous administration australienne.

«La Russie n'a très probablement rien à voir avec ça», a déclaré à l'AFP Vadim Ampelonsky, le porte-parole du gendarme russe des télécommunications, Roskomnadzor.

Il a ajouté que «le domaine était enregistré aux États-Unis» et a renvoyé toute autre interrogation aux fabricants de webcams.