Un important site d'information birman a été bloqué par des pirates informatiques l'accusant de soutenir les musulmans, dans un pays majoritairement bouddhiste secoué ces dernières années par des violences communautaires meurtrières.

Le site The Irrawaddy «soutient le djihad et les musulmans radicaux» et «attaque le bouddhiste avec cette soi-disant liberté d'expression», pouvait-on lire sur l'écran noir qui a momentanément remplacé la version anglaise du site jeudi matin.

Les pirates dénonçaient en particulier un article publié en birman par l'Irrawaddy sur une rencontre le week-end dernier au Sri Lanka entre le moine bouddhiste nationaliste birman Wirathu et des moines srilankais controversés.

Ils ont réclamé des «excuses» du site, qui avait qualifié l'organisation bouddhiste srilankaise Bodu Bala Sena (BBS) de «radicale».

Ce n'est pas la première fois que ce site, qui a opéré en exil pendant des années sous la junte birmane, est la cible de pirates.

Son directeur Aung Zaw a dénoncé une opération «brutale», ajoutant que les pages Facebook du magazine avaient également été inondées de messages de haine ces derniers jours, en lien avec différents sujets.

«Il est évident qu'une équipe est derrière les attaques informatiques et les insultes (...). Manifestement, ce sont des criminels», a-t-il déclaré à l'AFP.

Il y a quelques jours, le bureau de Rangoun du site avait également reçu un appel menaçant la rédaction d'un incendie et d'une attaque à la bombe en lien avec le même article, a précisé l'Irrawaddy.

Depuis la dissolution de la junte en 2011, le gouvernement quasi-civil a entraîné la Birmanie dans un tourbillon de réformes qui ont permis l'ouverture du pays après un demi-siècle de dictature.

Mais le pays a également été secoué depuis 2012 par une série de violences entre bouddhistes et musulmans qui ont fait au moins 250 morts et des dizaines de milliers de déplacés, en majorité des musulmans.

Alors que le Sri Lanka et la Birmanie ont des liens culturels importants, la rencontre entre Wirathu et BBS a soulevé certaines inquiétudes.

Le Conseil musulman du Sri Lanka a notamment estimé que sa visite du moine radical pouvait être «une grave menace à la paix» au Sri Lanka.

En juin, ce pays avait été secoué par des violences religieuses meurtrières et le BBS avait été accusé d'avoir encouragé les attaques, accusations qu'il a rejetées.