Le PDG d'Orange Stéphane Richard a estimé jeudi que les autorités européennes faisaient preuve de trop de «naïveté» face aux pratiques parfois «hégémoniques» des géants de l'internet comme Google, Apple, Facebook ou Amazon.

«Les autorités européennes ont été souvent naïves par rapport aux grands géants américains, il y a une espèce de fascination» envers ces groupes, a observé le responsable devant les 4es rencontres de l'Udecam (Union des entreprises de conseil et d'achat média), grand rendez-vous annuel des publicitaires.

«Il y a beaucoup de naïveté, le règlement récent entre la Commission et Google est un bel exemple de cette naïveté», a-t-il souligné, faisant référence à l'enquête ouverte par Bruxelles contre le groupe de Mountain View pour abus de position dominante.

Pour Stéphane Richard, «les Gafa (acronyme désignant Google, Apple, Facebook et Amazon, NDLR) considèrent l'Europe comme un comptoir».

«Nous sommes un bassin de clients avec un pouvoir d'achat encore assez élevé, et pour eux, l'Europe est la cible numéro un, je dirais même avant l'Amérique où c'est plus compliqué». Finalement «la cible la plus facile, celle où ils rentrent comme dans du beurre c'est l'Europe», a-t-il souligné.

Stéphane Richard observe «une tentation de pratiques hégémoniques aujourd'hui de la part de certaines de ces sociétés».

Il a cité pour exemple Google qui «a introduit dans le milliard de smartphones que l'on vend chaque année sur la planète un cheval de Troie, qui est leur système d'exploitation Android».

Et le fait que «le moteur de recherche sur internet est assuré à 90/95% dans la plupart des grands pays du monde par Google» pose «une vraie question», «un vrai risque», a-t-il noté.

Sans compter «l'extraordinaire inégalité fiscale entre les opérateurs dits historiques (...) qui payent beaucoup d'impôts - 4 milliards d'euros pour Orange - contre les Américains qui n'en paient quasiment pas en Europe», ce qui constitue «un immense problème», note le PDG d'Orange.

Le responsable estime toutefois que les opérateurs européens doivent nouer des relations avec les géants américains de l'internet et «redoubler d'innovation».