Un enseignant turc a été condamné jeudi à quinze mois de prison pour avoir diffusé sur son compte Twitter, sous le pseudonyme @allah, des messages jugés insultants pour l'islam, a écrit l'édition en ligne du quotidien Hürriyet.

Dans son jugement, le tribunal de Mus (est de la Turquie) a estimé que certains des tweets d'Ertan P. dont le nom complet n'a pas été révélé, violaient l'article 216 du code pénal turc qui réprime le «dénigrement des valeurs religieuses» car il se prenait pour dieu.

Parmi les messages à charge retenus par le juge de Mus figurent «dans mon état d'esprit d'aujourd'hui, je n'aurais pas créé le petit doigt des êtres humains» ou encore «c'est très sûr ici, car il n'y a pas de police».

L'accusé a affirmé qu'il n'était pas l'auteur des «tweets» incriminés et que son compte Twitter avait été piraté, mais ses allégations n'ont pas été retenues par le tribunal.

L'enseignant a fait appel du jugement rendu contre lui, a précisé Hürriyet.

En mars, le réseau Twitter a été bloqué par le régime du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, après la diffusion de nombreux messages ou enregistrements téléphoniques mettant en cause son gouvernement dans un vaste scandale de corruption.

Cette interdiction, qui a suscité un tollé dans le monde entier, a été levée deux semaines plus tard sur décision de la Cour constitutionnelle, la plus haute instance judiciaire turque.

Levée du blocage de YouTube

La Cour constitutionnelle turque a ordonné jeudi la levée du blocage de l'accès à YouTube imposé par le gouvernement islamo-conservateur il y a deux mois, estimant que cette décision enfreignait la liberté d'expression, ont rapporté les médias turcs.

Les autorités turques ont bloqué le 27 mars l'accès à la plateforme d'échange de vidéos pour des raisons de «sécurité nationale», après la diffusion de l'enregistrement pirate d'une réunion confidentielle de hauts responsables turcs sur la guerre en Syrie.

L'arrêt de la plus haute instance judiciaire du pays s'impose à l'autorité administrative des télécommunications (TIB), qui a mis en oeuvre l'interdiction.

Saisis par des internautes, plusieurs tribunaux turcs avaient déjà jugé l'interdiction de YouTube contraire à la liberté d'expression, mais le gouvernement avait refusé de lever sa décision, pourtant largement contournée par les utilisateurs.