Il y a trente ans, bien avant l'invention de l'iPhone et de l'iPad, le groupe américain Apple révolutionnait déjà l'informatique en lançant l'ordinateur Macintosh, resté le symbole d'une rivalité légendaire avec Microsoft.

«Le Mac était un saut quantique vers l'avant», raconte à l'AFP Randy Wigginton, l'un des premiers salariés d'Apple. «Nous n'avons pas tout inventé, mais nous avons tout rendu accessible et facile. C'était le premier ordinateur avec lequel les gens pouvaient jouer et dire: c'est cool.»

Avant la présentation du «mac» le 24 janvier 1984, les ordinateurs sont de coûteuses machines pour le monde du travail, commandées par du texte rédigé dans un langage quasi incompréhensible pour qui n'est pas programmateur de logiciel.

Le nouvel appareil d'Apple change cela et ouvre la voie à une utilisation de l'ordinateur par le grand public, grâce à une interface graphique proposant de cliquer simplement sur des icônes avec une souris, un appareil inventé dans les années 1960 par un ingénieur de l'institut de rechercher Stanford décédé l'an dernier, Doug Engelbart, et que le Mac va populariser.

Ces manoeuvres simples en apparence requièrent des capacités en termes de mémoire et de processeur énormes pour les ordinateurs de l'époque, mais Apple va malgré tout s'efforcer de conserver les prix accessibles pour les consommateurs.

Il n'est pas rare alors de payer 10 000 dollars ou plus pour un ordinateur, mais le premier Mac s'affichera à 2500 dollars pour 128 kilooctets de mémoire dynamique RAM.

Mac contre PC

Au-delà du produit lui-même, la publicité d'une minute annonçant la sortie du Mac, diffusée en plein Superbowl quand les secondes publicitaires à la télévision américaine sont les plus chères, est restée une référence.

Le spot dirigé par le réalisateur de «Blade Runner» et «Alien», Ridley Scott, s'inspire de l'univers du roman «1984» de George Orwell, avec un écran représentant «Big Brother» fracassé par une sportive aux couleurs d'Apple.

Derrière la métaphore, c'était «un énorme coup» contre IBM, l'acteur majeur à l'époque sur le marché des ordinateurs, indique à l'AFP Daniel Kottke, un ingénieur qui faisait partie de l'équipe de développement du premier Mac.

Il se rappelle d'une «grande bataille» au sein du conseil d'administration sur l'opportunité de diffuser cette publicité jugée «non appropriée», mais finalement «restée dans les mémoires de tous ceux qui l'ont vue.»

Plus qu'avec IBM, la rivalité qui va entrer dans la légende sera toutefois avec Microsoft, qui sort en fin d'année suivante la première version de son système d'exploitation Windows, devenu inséparable du PC.

«Je pense que (le patron et fondateur d'Apple aujourd'hui décédé) Steve Jobs cultivait l'idée de l'opposition entre Windows et le Mac», note Daniel Kottke.

«Steve Jobs s'en prenait toujours à Microsoft, mais c'est vraiment devenu vif quand Microsoft a sorti Windows. Il disait qu'ils nous avaient copié», dit-il. «L'interface utilisateur graphique du Mac a été reprise par Microsoft, qui l'a appelée Windows.»

Survie à l'heure du mobile

Les prouesses du Mac dans la mise en page et l'édition de photo ont fait son succès dans le monde artistique et dans la presse.

Mais Microsoft a pris la tête du marché grand public en se concentrant sur les logiciels installés sur les ordinateurs que ses partenaires, comme HP ou Dell, fabriquaient pour des prix bien inférieurs à ceux du Mac.

Au fil des années, le Mac original ressemblant à une grosse boîte grise avec son lecteur de disquettes a évolué vers une ligne d'ordinateurs réunissant des portables fins et très puissants ou un modèle de bureau cylindrique.

Quelque 16,5 millions d'exemplaires ont encore été vendus sur l'exercice achevé fin septembre, mais depuis la fin des années 2000, le Mac a cédé le rôle de vedette dans la galaxie Apple à d'autres appareils comme l'iPhone ou l'iPad. Avec l'essor du mobile la rivalité s'est aussi déplacée de Microsoft vers Google, dont le système d'exploitation Android domine aujourd'hui le marché des smartphones et des tablettes.