Le fondateur du géant informatique taiwanais Acer a repris les rênes de son groupe, qui traverse une grave crise, mais les analystes se montraient sceptiques vendredi sur ses chances de s'installer sur le marché des tablettes et des téléphones intelligents, un secteur hyper concurrentiel.

Avec des pertes importantes, une image de marque peu connue et plusieurs changements à sa tête en trois ans, Acer est confronté à l'une des pires crises depuis sa création en 1976.

Il pâtit du déclin des ventes d'ordinateurs personnels (PC), secteur sur lequel il est le numéro quatre mondial, au profit des appareils plus petits et mobiles.

Stan Shih, 69 ans, considéré comme l'un des pères du secteur des hautes technologies taïwanaises, a été nommé jeudi président et directeur intérimaire. Les deux plus hauts responsables, Jim Wong et le PDG JT Wang, sont sur le départ.

«En raison de la situation à laquelle Acer fait face, et de mes responsabilités, je dois me lever pour prendre les rênes (du groupe), sans le versement d'un salaire», a déclaré Stan Shih dans un communiqué publié par le groupe jeudi.

JT Tang avait démissionné début novembre de ses postes de président et directeur général, après l'annonce d'une perte nette de 13,1 milliards de dollars taïwanais (328 millions d'euros) au troisième trimestre 2013. Le conseil de direction a accepté sa décision jeudi.

Jim Wong, qui devait succéder à JT Wang, s'est lui aussi retiré. Les deux hommes restent quelque temps conseillers, afin d'assurer la transition.

Pour Arthur Liao, analyste à la maison de courtage Fubon Securities, «le retour de Stan Shih peut freiner les pertes pour un moment, mais il va être très difficile (pour le groupe) de s'étendre sur le secteur des tablettes et des téléphones multifonctions».

«Il faudra deux ou trois ans pour voir si le groupe y parvient», ajoute-t-il.

Selon l'analyste, Acer a commis l'erreur ces deux dernières années d'investir dans Windows 8 et Ultrabooks, qui ne pouvaient de toute façon pas empêcher le déclin des ventes de PC. En trois ans, le chiffre d'affaires du groupe a plongé de 43% à 358 milliards TWD, un mouvement inverse à l'envolée des ventes des téléphones intelligents et des tablettes chez les concurrents.

Les pertes du troisième trimestre s'expliquent largement par des dépréciations d'actifs à la suite d'invendus et d'autres dépréciations sur des acquisitions de sociétés, telles que Gateway et Packard Bell.

Pour le Commercial Times, quotidien des affaires de Taiwan, Shih va rester à son poste jusqu'à l'été prochain, «mais tout ce qu'il peut faire est de stabiliser le moral des troupes».

«Il est difficile pour Acer de trouver un nouveau dirigeant dans une telle période de faiblesse. Et si ce nouveau président ne peut pas apporter de nouvelles stratégies et de nouveaux espoirs, alors il ou elle ne peut sans doute pas sauver le groupe», estime le journal dans un éditorial vendredi.

Acer, créé en 1976, a été à un moment le numéro deux mondial des ordinateurs portables. Mais son étoile a pâli ces dernières années et il avait essuyé une perte de 6,8 milliards TWD au deuxième trimestre 2011, alors que la tablette iPad de l'américain Apple remportait un succès foudroyant.

Acer avait déjà perdu un dirigeant, l'Italien Gianfranco Lanci, qui avait démissionné en 2011.

Acer a réduit ses effectifs de plusieurs centaines de postes en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Il a annoncé au début du mois une réduction de 7% du nombre de ses emplois, actuellement de 8 000.