Reproduire le corps d'une personne, fabriquer une voiture ou copier une oeuvre d'art: l'impression 3D arrive pour le grand public, et pourrait représenter une révolution comparable à celle d'internet.

«Internet a changé le monde dans les années 90. Le monde se prépare à changer à nouveau»: avec ce slogan, le salon 3D Printshow a présenté à Paris les 15 et 16 novembre les dernières avancées en matière d'impression en trois dimensions. Cette technologie inventée il y a trois décennies arrive maintenant chez les consommateurs.

L'impression 3D a commencé par révolutionner la fabrication de certaines pièces industrielles, raccourcissant le laborieux processus allant du dessin à la création de l'objet.

Aujourd'hui, son utilisation est large: des studios de Hollywood aux laboratoires dentaires, aux musées ou encore aux stylistes dans la mode, et continue encore de s'étendre, notamment aux objets du quotidien.

Les leaders du secteur sont deux géants américains, Stratasys et 3D Systems, mais l'industrie commence à se développer en Allemagne, avec une spécialisation dans les pièces métalliques. En revanche Phenix Systems, le principal fabricant français d'imprimantes, vient d'être racheté cette semaine par 3D Systems.

«Le grand intérêt de cette technologie 3D est son potentiel dans l'ultra personnalisation», explique à l'AFP Mathieu Charoy, un «sculpteur numérique» dont l'atelier se trouve près de Paris.

Un client lui envoie un dessin de son fils, et lui le transforme en objet 3D. Un autre commande un étui personnalisé pour son téléphone intelligent, ou le double d'une poignée de porte ancienne introuvable en magasin.

Cosmo Wenman, un passionné d'art, scanne des oeuvres d'art dans les musées. Si peu de monde peut se permettre d'avoir chez soi ce buste romain datant de l'antiquité dans sa maison, une fidèle copie est désormais à la portée du plus grand nombre.

«Du bijou à l'intérieur d'un bâtiment»

Quod, une entreprise installée en Grande-Bretagne, offre de son côté la possibilité de scanner et reproduire des objets, quelle que soit leur taille, «du bijou à l'intérieur d'un bâtiment».

Un amoureux veut reproduire le corps de la personne aimée? Plus besoin d'un grand sculpteur. «Il faut trois minutes pour scanner, deux heures pour enregistrer les données, et entre 4 et 8 heures pour faire l'impression en céramique ou en plastique», explique Ian Jackson, ingénieur chez Quod. Le produit final coûte 220 livres sterling (260 euros environ), matériel compris.

Avoir une réplique en 3D de son corps ne sert pas seulement à l'autocontemplation: votre tailleur, au bout du monde, pourra par exemple faire un costume à vos dimensions exactes, sans essayage!

Des stylistes ont présenté un défilé avec robes, chaussures et accessoires, où dominent formes géométriques et motifs végétaux. «Cette nouvelle technologie crée sa propre esthétique, un peu comme la photographie il y a plus d'un siècle», estime Mathieu Charoy.

«Cela pose des questions sur ce que peut faire la machine et ce que peut faire l'homme. Pourquoi copier grâce aux nouvelles technologies ce qui se fait à la main?», ajoute-t-il.

«Urbee», une voiture aérodynamique «imprimée» par Kor Ecologic, est présentée comme plus «écologique» que celles fabriquées dans l'industrie.

En ce qui concerne la décoration d'intérieur, «L'habitat imprimé» de François Brument propose par exemple une chambre à coucher entièrement réalisée grâce à l'impression 3D.

La 3D inspire aussi des projets plus modestes d'un point de vue financier, mais qui peuvent être diffusés en plus grand nombre. Palmerio Gianni, jeune entrepreneur du sud de la France, vend par exemple dans le monde entier des franchises de magasin d'impression, d'où le client peut sortir pour 20 dollars avec une statuette de son propre buste, après avoir posé devant un scanner. Son idée a déjà séduit en Afrique du Sud, en Corée du Sud et au Brésil. «J'en ai vendu à Rio de Janeiro. Ça pourrait être sympa pour le mondial de foot!».