Géniaux ou terrifiants, les drones du futur discutés à la conférence TEDGlobal d'Édimbourg rempliront des fonctions on ne peut plus diverses: outils technologiques pour cartographier la forêt tropicale ou analyser les comportements animaliers, livreurs du futur ou robots-tueurs autonomes.

C'est en voulant faire le lien entre sa carrière de biologiste et sa passion pour la science-fiction et les nouvelles technologies que Lian Pin Koh (conservationdrones.org) s'est mis à construire il y a un an des drones écologiques.

Ces avions miniatures d'une envergure de deux mètres et pesant 2 kg coûtent moins de 4000 dollars et ont permis de «survoler une partie de la forêt indonésienne reculée, au nord de Sumatra, afin de chercher les habitats d'une espèce particulière d'Orang-Outan», dit-il.

Équipés d'un mini-ordinateur, d'un GPS, d'une boussole et d'un altimètre, ils se programment facilement en utilisant l'application cartographique Google Maps. Ils peuvent voler de façon autonome entre 40 et 60 minutes et parcourir ainsi 50 km. Dotés de caméras ou d'appareils photo de haute résolution, ils permettent «d'établir une carte de la forêt», des projections en 3D des lieux ou de «surveiller les activités illégales nuisibles à la nature».

Depuis janvier, 200 engins ont été construits et sont utilisés par des groupes de protection de l'environnement notamment en Suisse, en Indonésie, à Madagascar, au Congo, aux États-Unis ou au Groenland.

«Nous pensons que les drones ont un potentiel gigantesque, pas seulement pour combattre les crimes commis contre la nature mais aussi pour étudier la biodiversité et la vie de la faune», a conclu Lian Pin Koh, lors de sa présentation de 18 minutes. Le temps imparti à chacun des conférenciers de la TEDGlobal, petite soeur européenne de la TED californienne (Technology, Entertainment, Design) inventée «pour diffuser les idées qui méritent d'être encouragées».

Pour Andreas Raptopoulos, un homme d'affaires grec installé dans la Silicon Valley, les drones vont révolutionner les transports alors qu'«un milliard de personnes sont totalement coupées du monde une partie de l'année», faute de routes praticables.

Son objectif: créer un réseau de drones transportant dans des zones inaccessibles des produits essentiels comme des médicaments ou des vaccins. Une première expérimentation a eu lieu en 2012 dans un camp de réfugiés en Haïti.

Mais M. Raptopoulos cible également les «mégacités» embouteillées. Son étrange engin composé de quatre hélices horizontales peut transporter un colis «de 2kg sur 10km en 15 minutes» pour «24 cents» (18 centimes d'euros).

Ce coût dérisoire «nous a fait penser que cela pouvait avoir un impact significatif sur le monde» a-t-il déclaré. Cet objet volant pourrait devenir le coursier du futur. Rapide, disponible 24H/24, écologique, économique.

Le patron de Matternet cherche actuellement à établir un réseau de drones au Lesotho pour transporter des tests du HIV entre les hôpitaux et les laboratoires d'analyses.

Mais aujourd'hui, les drones restent avant tout des armes de guerre, dotées d'une sophistication technique suffisante pour exécuter une attaque en toute autonomie, sans intervention humaine.

C'est le thème du dernier roman «Kill decision» de l'auteur de science-fiction Daniel Suarez, venu présenter en Ecosse ses minutieuses recherches sur le sujet.

«Je ne suis pas là pour vous parler de fiction mais de robots-tueurs bien réels», a-t-il dit, citant en exemple des robots-snipers installés à la frontière entre les deux Corées capables «d'identifier automatiquement une cible humaine et de lui tirer dessus à plus d'un kilomètre».

«Actuellement, il y a encore des hommes dans la boucle mais ce n'est pas nécessaire technologiquement, c'est un choix».

«Aujourd'hui 70 nations développent des drones de combat» qui sont «les précurseurs des futurs robots-tueurs», a-t-il mis en garde.

Fonctionnant à partir des données individuelles, les drones-tueurs pourraient attaquer des personnes qu'un algorithme identifierait automatiquement comme dangereuses.

«Nous n'avons jamais été aussi localisables par des machines», a-t-il mis en garde.

Pour éviter cela, il a plaidé pour «l'instauration d'un traité international sur les armes robotisées» avec une «interdiction de fabriquer des robots-tueurs».

«Ces armes automatiques donnent trop de pouvoir à trop peu de gens et mettront la démocratie en danger. Assurons-nous que les robots-tueurs restent du domaine de la fiction», a-t-il conclu.