«Jurassic Park», le film pionnier de Steven Spielberg qui a fait du «T-Rex» l'un des dinosaures les plus populaires de l'imaginaire enfantin, revient au cinéma en 3D, 20 ans après avoir révolutionné le monde des effets spéciaux.

Paré d'une 3D relief dernier cri et d'une palette de couleurs retravaillée, «Jurassic Park» ressort sur les écrans nord-américains vendredi et le 24 avril en France.

Sorti en 1993, ce film se déroulant dans un parc d'attractions peuplé de dinosaures ramenés à la vie à partir de leur ADN a été le premier à utiliser des animaux robotisés animés par ordinateur.

Adaptée du roman de Michael Crichton et interprétée par Sam Neill, Laura Dern et Jeff Goldblum, «Jurassic Park» remporta trois Oscars en 1994, a amassé 920 millions de dollars de recettes dans le monde et a eu deux suites, en 1997 et 2001.

«C'était la première fois dans un film qu'on utilisait des effets par ordinateur pour créer quelque chose qui ressemblait à un animal vivant», a déclaré à l'AFP Dennis Muren, membre de l'équipe des effets spéciaux du film.

«On ne savait pas si on pourrait le faire, c'était une première. Mais on avait fait Terminator 2 deux ans avant et on était près du but. Finalement, ça a marché», a-t-il ajouté.

À 66 ans, M. Muren est une institution à Hollywood: il a remporté six Oscars et a notamment signé les effets spéciaux de «E.T.» (1982), et de certains épisodes de «Star Wars» et «Indiana Jones».

Lors d'une réception à l'Académie des Arts et Sciences du Cinéma à Beverly Hills, avant une projection spéciale de «Jurassic Park», M. Muren a expliqué que le film avait été réalisé en utilisant deux techniques: des marionnettes robotisées et des effets numériques.

L'attaque du T-Rex, son cauchemar personnel

Les robots articulés ont été fabriqués, certains à l'échelle réelle, à partir de sculptures de bois et d'argile. Puis leurs mouvements ont été filmés image par image avant d'être transférés sur ordinateur pour donner vie aux dinosaures.

«À l'époque, l'animation par ordinateur n'était pas d'un niveau très élevé», explique à l'AFP un autre maître du genre, Phil Tippett, qui a supervisé les effets spéciaux de «Star Wars» et la récente saga «Twilight».

«Nous avons développé une technologie qui a permis aux animateurs image par image de manipuler les dinosaures. Ce n'était pas un logiciel, c'était mécanique», poursuit-il.

Le présentateur de la soirée, David Cohen, a déclaré en présentant le film que «si nous n'avions pas eu Jurassic Park en 1993, nous n'aurions jamais eu Richard Parker l'an dernier» - en référence au personnage de tigre de «L'odyssée de Pi», qui a valu à Ang Lee l'Oscar de la réalisation en février.

William Sherak, président du studio Stereo D, qui a réalisé la conversion en 3D, a observé pour sa part que la scène de l'attaque du T-Rex a été son «cauchemar personnel», en raison de la multitude de plans dans l'image: la forêt, la pluie, la fenêtre de la voiture et le dinosaure lui-même.

«La technologie est toujours un casse-tête», a assuré M. Tippett, 61 ans, qui a partagé avec M. Muren l'Oscar des effets spéciaux pour «Jurassic Park», avant de recevoir une statuette d'honneur dix ans plus tard pour «Le retour du Jedix.

Sceptique face aux superpouvoirs des nouveaux outils numériques, il ajoute: «Ce dont on a besoin, c'est de gens créatifs, d'artistes. La technologie n'est rien en soi. Elle peut même devenir un obstacle».