Surfant sur la vague de l'impression 3D, une jeune entreprise de Toulouse présente au Salon Laval Virtual un système qui permet de matérialiser son visage en une petite figurine, aussi simplement qu'on se fait tirer le portrait dans une cabine photo libre-service.

Digiteyezer a déjà installé un studio photo de ce nouveau type dans un centre commercial toulousain et deux autres sont en cours de mise en place dans des galeries commerciales de Sao Paulo, indique Didier Cholet, un des quatre fondateurs de la start-up.

L'impression 3D est avec la réalité augmentée une des grandes tendances du moment, confirme Laurent Chrétien, directeur du Salon Laval Virtual, qui a ouvert ses portes mercredi pour trois journées professionnelles, suivies d'un week-end grand public.

Le processus «Scan to Print» développé par Digiteyezer est complètement automatisé, précise Didier Cholet, et dirigé à partir d'une simple tablette: le visage est photographié par un système de caméras relié à un ordinateur qui effectue la reconstitution 3D quasiment instantanément.

L'impression est réalisée sur des imprimantes «low cost» fabriquées en Chine, guère plus volumineuses qu'une machine à café.

Elle prend évidemment un peu de temps, puisqu'il s'agit de fabriquer un objet en empilant les couches de matière. Il faut ainsi compter trois quarts d'heure pour une taille intermédiaire.

Le prix est fonction de la taille de la figurine: 10 euros pour une figurine de 4 cm de haut, 20 euros pour 6 cm et 30 euros pour 8 cm. La figurine plastifiée proposée avec ce système est d'une seule couleur, blanche ou noire en général.

Le résultat n'est pas une oeuvre d'art, mais peut trouver sa place comme objet souvenir dans un parc d'attractions ou sur un site touristique, avec des figurines en situation. Digiteyezer a d'ailleurs un projet en cours développement sur l'île de Rhodes, en Grèce.

«Il faut que le contenu ait du sens», souligne Didier Cholet. Ainsi, aux Rencontres internationales de la réalité virtuelle de Laval, qui proposent une promenade virtuelle dans le passé de la ville, les figurines sont habillées à la mode médiévale.

«Aversion au risque»

Pour davantage de réalisme, la société a aussi prévu une version en couleurs des figurines. Mais dans ce cas, l'impression n'est pas immédiate. Il faut passer par une commande en ligne sur un site partenaire, disposant des machines adéquates, beaucoup plus onéreuses, et patienter 48 heures pour la livraison.

Didier Cholet ne manque pas d'idées de développement, par exemple auprès des pâtissiers pour de grandes occasions, comme les mariages.

Mais le concept peine à trouver des investisseurs, malgré les discours ambiants prônant l'esprit d'innovation et le fabriqué en France.

«Toute la partie numérisation est française», précise-t-il, soulignant que la start-up créée en 2010 «est un vivier de création d'emplois».

Il y a en France «une vraie aversion au risque», déplore Laurent Chrétien, pointant «un problème culturel de capacité à adopter l'innovation technologique».

Digiteyezer a néanmoins conclu un partenariat avec un groupe de salons de coiffure, Haircoif, pour la partie modélisation 3D. Cinq salons sur la centaine que compte le groupe sont déjà équipés de ce système qui permet «un essayage virtuel de coiffure», à partir des traits reconstitués sur écran du visage du client. Le rendu des cheveux «est très réaliste jusqu'à la moindre petite mèche», insiste Didier Cholet.

Dernier défi pour la jeune société: intégrer ses modèles 3D dans des jeux vidéos, en proposant des avatars à l'image même du joueur, «animables et morphables».

Digiteyezer a réalisé un chiffre d'affaires de 20 000 euros en 2011, 250 000 euros en 2012 et prévoit 1,5 million d'euros pour 2013.