Peu importe leur origine, les purificateurs d'air haut de gamme japonais se vendent comme jamais en Chine où les clients font fi des querelles territoriales sino-nippones au sujet des îles Senkaku, alors que leur santé est menacée par la terrible pollution ambiante.

«Nos ventes de purificateurs d'air en Chine ont triplé en janvier par rapport à celles du même mois de l'an dernier», se félicite le groupe d'électronique Sharp.

«La raison est qu'ils sont très performants vis-à-vis des particules incriminées dans l'air de Pékin», déclare sa porte-parole Miyuki Nakayama.

Les purificateurs électroniques éliminent dans un espace donné la quasi intégralité des particules fines comme celles qui polluent les villes chinoises.

Ils combinent le filtrage passif d'air avec un traitement actif qui capture les particules en suspension, tout en émettant des ions positifs et négatifs pour éliminer ces saletés.

Même si les Chinois ont boudé les produits nippons ces dernières semaines, pour des questions de disputes diplomatiques sur la souveraineté des îles Senkaku, «les ventes de purificateurs n'en ont nullement souffert», souligne Mme Nakayama.

Sharp n'est pas le seul à se réjouir: 120% pour Panasonic, 260% pour Daikin, les progressions de ventes y sont mirobolantes aussi pour les autres champions nippons du secteur.

«Le marché chinois pour les appareils haut de gamme est certes encore inférieur à celui du Japon, mais il augmente», a expliqué à l'AFP une porte-parole de Daikin.

À l'instar de Sharp, Daikin propose déjà depuis plusieurs années ses purificateurs d'air dans l'Empire du Milieu, tant pour les entreprises qu'à l'intention des particuliers.

«Nous n'exportons pas les mêmes modèles que ceux vendus au Japon, nous les concevons spécifiquement pour le marché chinois», précise la représentante de Daikin.

«L'intérêt des chinois pour les appareils haut de gamme va croissant», confirme son homologue de Sharp, groupe qui, tout comme Panasonic, dope sa production pour répondre à la demande.

Des pics de forte pollution atmosphérique ces derniers jours à Pékin ont provoqué un afflux dans les hôpitaux de patients en détresse respiratoire, et poussent de nombreux citoyens à porter des masques.

En cause, des matières particulaires microscopiques et des gouttelettes liquides comprenant des aérosols, fumées, émanations diverses et poussières.

Posent surtout problème en Chine les particules dites fines, d'un diamètre de 2,5 micromètres et moins.

On les appelle aussi PM2,5 ou particules respirables, car elles pénètrent dans l'appareil respiratoire plus profondément que les particules plus larges.

Or, selon Sharp, ses appareils permettent de supprimer 99% de ces particules fines.

La pollution en Chine rappelle aux Japonais ce qu'ils ont vécu dans les années 1960-70, au moment de la motorisation de l'archipel et alors que les entreprises tournaient à plein régime.

Depuis, après des restrictions diverses, des «journées paradis du piéton», les firmes nippones ont développé diverses technologies pour éviter de polluer ou pour assainir l'atmosphère.

Ces dix dernières années, les purificateurs avec filtres et projection d'ions négatifs sont devenus un équipement commun, quoique encore assez coûteux, dans les foyers et lieux collectifs japonais (écoles, hôpitaux, hôtels, etc.).

Il faut toutefois compter de 120 à 550 euros pour des modèles domestiques, en fonction du volume de la pièce.

Au Japon, il ne s'agit pas tant de lutter contre la pollution des automobiles dans les mégapoles, où elle est finalement très peu présente grâce à la part croissante des véhicules hybrides, que d'éliminer les pollens allergènes auxquels sont très sensibles les Nippons.

Toutefois, la pollution est telle en Chine voisine qu'elle arrive jusqu'au Japon, au point d'inquiéter les autorités.

Vendredi, le ministre japonais des Affaires étrangères a d'ailleurs proposé au gouvernement chinois de discuter de ces questions afin de lutter ensemble contre cette pollution environnementale qui ignore les limites territoriales.