Thorsten Heins passe normalement inaperçu aux côtés de Jack Nicholson et des vedettes de Hollywood qui remplissent les premières rangées des gradins aux matchs de basket des Lakers de Los Angeles. Mais pas vendredi dernier, lorsque le PDG de Research In Motion (RIM) a été vu au basket en grande compagnie: le nouveau BlackBerry 10, qui sème l'enthousiasme auprès de plusieurs analystes financiers.

Le grand patron de RIM a pris quelques photos du match entre les Lakers et les Suns de Phoenix avec le nouveau BlackBerry 10, qui sera lancé le 30 janvier prochain avec des mois de retard.

Les photos du BlackBerry 10 (ou plutôt, du PDG qui prend des photos avec le téléphone) ont fait le tour de la presse techno spécialisée. Coup de marketing ou simple hasard?

L'entreprise canadienne laisse habilement planer le doute.

«Nous avons un plan détaillé de marketing, mais nous ne ferons pas de commentaires outre que (les photos du match de basket) sont un symbole de l'intérêt pour le BlackBerry 10», dit Nick Manning, porte-parole de RIM, précisant que plusieurs «dirigeants ont une version du BlackBerry 10 pour le tester».

Pour le professeur de marketing Jean-François Ouellet, l'intention de RIM derrière cet épisode ne fait aucun doute. «RIM veut rappeler au monde entier qu'ils sont en vie, dit Jean-François Ouellet, professeur de marketing à HEC Montréal et animateur de Génération Inc. à V. On envoie le message positif que le produit existe, qu'il y a des gens qui s'en servent.»

Des analystes encouragés par le BlackBerry 10

Les marchés financiers semblent encouragés par le lancement du BlackBerry 10, censé mettre fin à des années de misère chez RIM, qui a perdu 80% de sa valeur en Bourse (et ses deux co-PDG Jim Balsillie et Mike Lazaradis) depuis quatre ans.

Mais depuis que BlackBerry a annoncé le 12 novembre la date du lancement du nouveau BlackBerry, le titre de l'entreprise de Waterloo, en Ontario, s'est apprécié de 7%. En novembre, le titre a bondi de 20%, dont 1,15% hier avant de clôturer la séance à 9,70$ à la Bourse de Toronto.

«Plusieurs investisseurs tiennent pour acquis que RIM est mort, mais les critiques du BlackBerry 10 ont été assez bonnes. Le navigateur web serait le plus rapide sur le marché devant Android et iOS (Apple).

Une bonne partie des 80 millions de clients qui sont restés avec RIM vont changer leur BlackBerry», dit Todd Coupland, analyste boursier chez CIBC, qui recommande tout de même de vendre le titre de RIM.

«Les fournisseurs de services sans fil veulent une solution de rechange à Samsung et Apple, les développeurs veulent un nouvel environnement pour leurs applications et les entreprises veulent un système sécuritaire comme le BlackBerry», dit Gus Papageorgiou, analyste boursier chez Scotia Capitaux, qui recommande de conserver le titre de RIM.

Wall Street et Bay Street restent généralement pessimistes sur l'avenir de RIM: selon les analystes boursiers répertoriés par Bloomberg, cinq conseillent d'acheter le titre, 28 de le conserver, 16 de le vendre. Le cours cible moyen des analystes de Bloomberg est de 8,46$.

L'analyste Peter Misek (Jefferies&Co) estime entre 20% et 30% la possibilité que le titre de RIM explose à 43$ en 2013, soit un rendement de 343%. Mardi, il a doublé son cours cible pour l'action de RIM de 5$ à 10$.