Microsoft se met enfin à l'heure du mobile avec une version totalement remaniée de son système d'exploitation Windows et sa première tablette informatique, Surface, lancés en grande pompe jeudi, espérant rattraper son retard en ce domaine sur Google et Apple.

«Nous avons complètement réimaginé Windows», a assuré le pdg Steve Ballmer annonçant «une nouvelle ère pour Microsoft et pour les consommateurs», lors d'un événement organisé pour l'occasion à New York.

Windows 8 sort officiellement dans le monde entier jeudi et la commercialisation de la Surface commence également vendredi.

Windows, dont la première version dans les années 1990 avait révolutionné l'informatique personnelle, fait toujours fonctionner plus de 90% des PC dans le monde.

Mais il s'est fait largement distancer sur les appareils informatiques mobiles comme les smartphones et les tablettes, de plus en plus populaires, par des logiciels concurrents comme iOS, qui équipe les iPad et les iPhone d'Apple, ou Android, développé par le géant de l'internet Google.

«Microsoft perd du terrain à une vitesse croissante face à Google et Apple, et Windows 8 est leur réponse la plus forte jusqu'ici», souligne l'analyste Robert Enderle, de la société de recherche Enderle Group.

Au risque de désarçonner ses utilisateurs traditionnels, Microsoft a opté pour des changements radicaux.

Le menu «démarrer» va notamment disparaître, remplacé par une page d'accueil avec une série de boutons, particulièrement adaptés à un écran tactile de tablette.

Le logiciel est «parfait pour le tactile», a assuré Steve Ballmer.

Il «rapproche le PC et la tablette, votre vie professionnelle et le jeu», a-t-il ajouté, un signe apparent en direction des entreprises, grandes clientes de Microsoft, mais dont l'accueil qu'elles feront à un produit qui semble clairement conçu pour plaire au grand public reste une inconnue.

Applications maisonMicrosoft «pense au-delà du seul mobile» et vise en fait «une transformation complète de l'écosystème existant de Windows», relève Frank Gillett, du cabinet de recherche Forrester.

Il essaye d'y relier d'autres produits comme la console de jeux Xbox, le moteur de recherche Bing ou le service de téléphonie Skype. Ce faisant, il s'inspire beaucoup de la démarche d'Apple.

Lors de la démonstration faite jeudi, une bonne partie des boutons de l'écran d'accueil de Windows 8 renvoyaient à des applications maison de Microsoft, liées notamment à Bing (pour la météo, les résultats sportifs, s'informer...) où à l'univers de jeux de la Xbox.

Windows 8 va aussi permettre d'utiliser une application baptisée skydrive, permettant de stocker du contenu sur la toile et d'y accéder depuis plusieurs appareils.

Le prix de la Surface la positionne en concurrente directe de l'iPad d'Apple: à partir de 499$ aux États-Unis, comme la tablette du groupe à la pomme.

Microsoft promet toutefois deux fois plus de mémoire sur le modèle de base.

Et il a prévu un accessoire palliant un des principaux défauts des produits de ce type sur le marché: une couverture pouvant servir de socle, et/ou de clavier.

Comme Apple, Microsoft vient de lancer un service de musique en ligne.

Comme Apple, il met en place de vrais magasins dédiés à ses produits, avec un réseau éphémère qui doit ouvrir ses portes vendredi, pour permettre au grand public de tester grandeur nature ses deux nouveaux produits.

Comme Apple et Google, il lance aussi son propre magasin en ligne d'applications pour Windows 8, et «les développeurs travaillent furieusement pour en remplir les étagères», a assuré Steve Ballmer.

Tout pourrait se jouer là, le succès de l'iPad et de l'iPhone, mais aussi des produits fonctionnant sous Android, étant étroitement lié à l'existence d'une grande quantité d'applications et de jeux compatibles.

«En fin de compte, les tablettes profitent des services auxquels elles permettent d'accéder», résume Robert Enderle.