Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture et de la Communication, a déclaré jeudi à l'AFP que ce n'était «pas avec des menaces qu'on trait(ait) avec un gouvernement», en réaction à un courrier de Google menaçant de ne plus référencer les médias français.

«Je suis un peu surprise par le ton de cette correspondance, qui s'apparente à une menace. Ce n'est pas avec des menaces qu'on traite avec un gouvernement démocratiquement élu», a déclaré la ministre à l'AFP.

Le géant de l'internet a menacé dans un courrier au gouvernement, obtenu par l'AFP, de ne plus référencer les médias français s'il devait s'acquitter d'une taxe voulue par les éditeurs de presse.

La ministre, qui n'a pas encore reçu ce courrier, est favorable à la mise en place de cette taxe.

«Aujourd'hui, des sites qui agrègent des contenus comme Google utilisent aussi la notoriété des éditeurs de presse, ainsi que ce qu'ils produisent. Il est donc légitime que les éditeurs de presse s'interrogent sur la manière dont il faut faire participer ceux qui diffusent leur contenu à leur financement», a-t-elle expliqué.

«Aujourd'hui, la presse traverse une crise très difficile. Le lectorat part vers d'autres supports, notamment numériques, et pas forcément sur des journaux en ligne, mais aussi sur des sites qui agrègent des contenus», a ajouté la ministre.

Toutefois, Mme Filippetti a précisé que le gouvernement était «au début d'un processus de réflexion» sur «le droit voisin» - sorte de prolongation des droits d'auteur en cas d'utilisation indirecte de leurs travaux.

«L'idée d'un droit voisin a été mise sur la table par les éditeurs de presse eux-mêmes. Il est normal que le gouvernement examine avec attention ce qui pourrait être un début de solution face au transfert du lectorat vers les plateformes numériques», a-t-elle expliqué.

Une concertation avec Google «aura évidemment lieu» sur ce sujet. «Si cette discussion débouche sur un projet de loi, il sera voté par le Parlement dans un cadre démocratique», a-t-elle ajouté.

Le cabinet de la ministre chargée de l'Economie numérique Fleur Pellerin recevra vendredi des représentants de Google France sur ce projet de taxation des moteurs de recherche et les recommandations de la Cnil en matière de confidentialité, a indiqué à l'AFP un de ses porte-parole.

En Allemagne, le gouvernement vient d'adopter un projet de loi visant à protéger la propriété intellectuelle des éditeurs de presse sur internet, qui oblige les moteurs de recherche à leur reverser des commissions.