Apple a été débouté vendredi par un tribunal de Tokyo de sa plainte contre Samsung qu'il accusait de violer ses brevets, dans le volet japonais de la guerre judiciaire mondiale que se livrent les deux géants de l'informatique.

«Les produits du défendeur ne semblent pas utiliser la même technologie que les produits du requérant, nous rejetons donc les arguments du requérant et jugeons que le coût de la procédure judiciaire sera à sa charge», a déclaré le juge Tamotsu Shoji.

Pour les trois juges du tribunal, les technologies déployées par les smartphones Galaxy et les tablettes du groupe sud-coréen ne violent pas les brevets des iPhone et iPad de son concurrent américain.

Apple réclamait 1 million d'euros à Samsung pour avoir copié sans autorisation ses techniques de transfert synchronisé de fichiers musicaux et vidéos. Il cherchait surtout à bloquer certains produits de son concurrent sur l'important marché japonais.

Samsung s'est immédiatement réjoui de la décision, bien qu'Apple puisse encore faire appel dans un délai de 30 jours.

«Nous saluons le verdict qui confirme notre position de longue date selon laquelle nos produits ne violent pas la propriété intellectuelle d'Apple. Nous continuerons d'offrir des produits très novateurs et de contribuer au développement de l'industrie du mobile», a souligné le groupe sud-coréen dans un communiqué.

Un porte-parole d'Apple à Tokyo joint par l'AFP n'a pas fait de commentaire.

Ce jugement va en tout cas à l'encontre de celui rendu le 24 août par une cour de San Jose en Californie (ouest des États-Unis), qui a condamné Samsung à payer 1,05 milliard de dollars à Apple, à l'issue d'un procès-fleuve.

Pour Michiru Takahashi, juriste au cabinet Jones Day, «cette décision du tribunal de Tokyo aide Samsung à se remettre un peu de sa défaite aux États-Unis».

Apple roi des tablettes, Samsung empereur des téléphones intelligents

Samsung a été puni aux États-Unis pour des violations de brevets liées aux populaires iPad et iPhone et a vu rejeter ses propres accusations envers son concurrent. Le groupe sud-coréen estimait qu'Apple avait aussi violé plusieurs de ses brevets, en particulier dans les technologies d'Internet sans fil (Wi-Fi).

Le tribunal de San Jose a fixé au 6 décembre l'examen de la demande d'Apple d'interdire la vente aux États-unis de certains modèles de téléphones mobiles de Samsung.

Plusieurs appareils visés sont des téléphones intelligents de la gamme à succès Galaxy équipés du système d'exploitation Android du géant américain de l'internet Google, parmi lesquels figurent certains des derniers modèles compatibles avec la téléphonie 4G.

D'autres jugements rendus ailleurs, notamment en Corée du Sud, ont renvoyé les deux groupes dos à dos. Apple et Samsung sont opposés dans plus d'une cinquantaine de procès pour violation de brevet à travers dix pays, principalement aux États-Unis, en Australie, en Asie et Europe, ont affirmé les médias nippons.

Cette bataille judiciaire internationale est particulièrement suivie au vu de ses conséquences potentielles pour le marché en pleine ébullition des tablettes informatiques et des smartphones.

Apple est jusqu'ici incontournable pour les tablettes, où il a été le premier à se lancer, avec 70% de parts de marché au deuxième trimestre (soit 17 millions de ces appareils sur les 25 millions vendus dans le monde), selon le cabinet IDC. Samsung est son premier concurrent, mais loin derrière (2,4 millions).

La position est inversée sur le marché des téléphones multifonctions permettant la connection à Internet (smartphones), où Samsung est clairement numéro un. Le groupe sud-coréen a ainsi écoulé 50,2 millions de téléphones au deuxième trimestre, près de deux fois plus que les 26 millions d'iPhone vendus sur la même période, toujours selon IDC.