Après sa défaite face à Apple devant la justice californienne, Samsung cherchait lundi à rassurer actionnaires, employés et consommateurs, malgré la lourde amende infligée au groupe sud-coréen et la menace d'une interdiction de ses produits qui plombent son titre en Bourse.

Le numéro un mondial en termes de ventes des téléphones a annoncé samedi qu'il allait déposer un recours après son procès perdu contre Apple lors duquel il a été condamné à lui verser plus d'un milliard de dollars pour violation de brevets.

Dans un message à ses employés, posté sur un blog, le groupe s'est dit «très déçu» par le verdict mais a promis une lutte acharnée contre son concurrent américain, y compris devant d'autres tribunaux dans le monde où les deux firmes se livrent bataille autour des mêmes litiges technologiques.

Le titre Samsung a terminé en baisse de 8% lundi à la Bourse de Séoul, la plus forte dégringolade enregistrée par le sud-coréen en près de quatre ans.

Dans le même temps Apple gagnait 2% à la Bourse de Francfort où l'action est cotée sur le marché libre en plus de faire partie de l'indice Nasdaq à New York.

Les actions des autres fabricants asiatiques de téléphones multifonctions utilisant comme Samsung le système d'exploitation Android de Google, victime collatérale de la procédure, se sont également repliées lundi, à l'image du sud-coréen LG et du taïwanais HTC.

Après trois semaines d'audiences, les jurés du tribunal de San Jose, en Californie, ont partiellement fait droit aux demandes du groupe à la pomme, qui accusait Samsung d'avoir copié son téléphone iPhone et sa tablette iPad.

Samsung a été condamné à lui payer 1,05 milliard de dollars.

Pour la plupart des analystes interrogés, les réparations financières infligées au sud-coréen ne constituent pas un problème majeur. Jeff Kang, analyste chez Daishin Securities, souligne ainsi que le bas de laine de Samsung est estimé à quelque 14 milliards d'euros.

«Les bénéfices de Samsung devraient atteindre 7500 milliards de wons au troisième trimestre.

Un milliard de dollars, ce n'est pas un problème pour lui», abonde James Song, de Daewoo Securities.

Mais le procès, le plus grand de ce type depuis des années aux États-Unis, était surtout suivi vu ses conséquences potentielles pour le marché en pleine ébullition des tablettes informatiques et des smartphones.

Pour Jeff Kagan, un analyste spécialisé dans les technologies, «la question suivante est de savoir si Samsung sera capable de continuer à utiliser les technologies» incriminées «ou s'il devra retirer ses appareils du marché».

Une décision de la justice américaine en ce sens est attendue le 20 septembre.

Le cas échéant, les performances de Samsung s'en ressentiraient dès le quatrième trimestre, affirme Song Myung-Sup, analyste chez Hi Investment and Securities.Mais le mal serait limité.

La plupart des produits visés sont en effet depuis plusieurs mois sur le marché et la durée de vie «commerciale» d'un téléphone excède désormais rarement les 18 mois.

Pour Song Myung-Sup, cela représenterait environ 5% des produits Samsung en circulation.Samsung a en revanche fort à perdre si son nouveau Galaxy S3, fleuron de sa gamme, devait être frappé d'interdiction aux États-Unis.

Une perspective qui explique le plongeon du titre lundi, selon Song Myung-Sup, mais à laquelle nombre d'analystes ne croient pas.

«Il est improbable que qui que ce soit puisse confondre les Galaxy avec l'iPhone à partir de maintenant», estime l'analyste.Samsung, rappelant ses victoires judiciaires en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Corée du Sud -où un tribunal a renvoyé vendredi les deux constructeurs dos à dos- , s'est dit confiant dans le jugement des consommateurs.

«Nous avons confiance dans le fait que les consommateurs et le marché se rangeront du côté de ceux qui préfèrent l'innovation au contentieux», a-t-il déclaré.