Les experts en marketing sur l'internet ont rapidement répondu à leur propre question: selon eux, les élections qui s'annoncent cette semaine se passeront au rythme des médias sociaux. On peut aussi faire une autre prédiction: ceux qui profitent le plus de ce maillage technopolitique sont ces mêmes experts en médias sociaux.

Chaque gazouillis maladroit d'un politicien sur Twitter, chaque manoeuvre suspecte d'un parti politique sur Facebook sont autant d'exemples à ne pas suivre pour les entreprises qui lorgnent de plus en plus de ce côté pour donner un second souffle à leur propre stratégie publicitaire.

La nature succincte des médias sociaux nuit aux discussions nuancées et exige un certain doigté. Parfois, il s'en faut de peu pour que la publication de messages sur ces plateformes, ou la gestion d'une page Facebook, se transforment en un cauchemar de relations publiques.

Voilà qui s'avère un argument efficace pour les gens qui vendent leur expertise en matière de médias sociaux aux entreprises d'ici en manque de visibilité, constate Geoffroi Garon, formateur en stratégie numérique dans sa propre agence, Pygmalion numérique.

Incontournables

«Facebook et Twitter sont des canaux de communication de plus en plus obligés pour joindre le grand public. On le voit avec la campagne électorale qui débute: les politiciens, les journalistes et les médias renvoient à leurs comptes Twitter ou leurs pages Facebook pour plus d'information. C'est sûr que ça stimulera l'utilisation de ces nouveaux médias par le public et les entreprises, même après les élections», dit-il.

Naturellement, celles-ci devront d'abord se doter d'une stratégie, sinon elles risquent fort de tomber dans l'un ou l'autre des pièges tendus par l'instantanéité de ces nouvelles technologies.

«Des entreprises qui investissent les médias sociaux sans stratégie sont à risque: on veut une page Facebook avec 10 000 abonnés instantanément. Même si les médias sociaux paraissent éphémères et très brefs, ça prend une présence soutenue pour les utiliser correctement», ajoute l'homme d'affaires montréalais, qui recommande aux entreprises d'utiliser ces plateformes pour se faire connaître des médias plus traditionnels, ou encore de laisser leur marque autour d'enjeux importants pour leurs clients.

L'économie numérique

Ce que certains professionnels québécois de la technologie internet souhaitent, c'est que la présence de plus en plus évidente des nouveaux médias dans l'arène politique amène les élus à déterrer le projet d'un plan numérique national - l'équivalent d'un Plan Nord stimulant l'adoption du commerce électronique et du marketing en ligne par les entreprises québécoises.

Encore aujourd'hui, elles sont à la traîne à ce niveau comparativement au reste du Canada et même de l'ensemble des pays industrialisés.

Tous ne sont pas de cet avis. Ce qui aurait pu être utile au moment où le commerce sur l'internet était tout naissant l'est moins maintenant qu'une industrie spécialisée existe au Québec, indique Nicolas Roberge, président de l'agence web Evollia, à Québec. «Je ne crois pas dans une stratégie nationale», dit-il.

En prime, une nouvelle génération d'entrepreneurs plus au fait des technologies émergentes fait graduellement sa place dans le monde des affaires. «Le poids décisionnel change en ce moment et ça va bientôt paraître», assure-t-il. La présence grandissante de la classe politique sur l'internet en témoigne.