Le géant chinois des télécoms Huawei s'est lancé à l'assaut de ses rivaux Apple et Samsung lors du salon du secteur à Singapour, ouvert mardi, espérant se hisser parmi les leaders mondiaux des téléphones multifonctions.

Le stand de l'équipementier chinois est le plus important de tous au salon «CommunicAsia», avec bien entendu en fer de lance son produit phare «Ascend P1», utilisant le système d'exploitation Android de Google.

Avec une épaisseur de 7,69 millimètres seulement, il est encore plus fin que l'iPhone 4S de l'américain Apple (9,3 mm).

«CommunicAsia est un tremplin crucial pour nous», reconnaît Riadi Sugihtani, responsable marketing régional pour Huawei.

Le chinois avait déjà exhibé ses talents aux salons de Barcelone, en Espagne, et de Las Vegas, aux États-Unis, plus tôt dans l'année, mais c'est en Asie, marché clef, que la bataille va plus particulièrement se livrer.

Huawei, qui dit avoir vendu 20 millions de téléphones multifonctions dans le monde en 2011, a pour ambition de devenir le numéro des utilisateurs d'Android d'ici à 2015, volant ainsi la vedette à Samsung.

Le sud-coréen a écoulé 38 millions de téléphones multifonctions au premier trimestre de cette année, devant l'iPhone (33,12 millions), selon des estimations de la société de recherches spécialisée Gartner.

A eux deux, Samsung et Apple monopolisent 49,3% du marché, loin devant Nokia (9,2%), selon Gartner. Huawei a vendu près de 10,8 millions de téléphones portables, dont des multifonctions, au premier trimestre 2012.

Le chiffre pour les seuls multifonctions n'a pas été révélé.

Rattraper les grands du secteur ne sera pas chose aisée, avertissent les analystes. «Un des principaux défis concerne la marque. Huawei n'a pas encore réussi à faire preuve de beaucoup d'innovation et à réellement se différencier», estime Melissa Chau, experte à Singapour pour la société d'études de marchés IDC.

Huawei a été fondé il y a 23 ans par Ren Zhengfei, un ancien ingénieur de l'armée chinoise, et est l'une des marques chinoises les plus connues à l'international.

Huawei insiste sur le fait que l'entreprise n'a plus de liens avec l'armée chinoise, mais cette image lui colle encore à la peau. Le groupe a ainsi été récemment écarté de l'appel d'offres pour le futur réseau à très haut débit de l'Australie, pour raisons de sécurité.

Le groupe avait aussi dû renoncer l'an dernier au rachat de l'entreprise américaine 3 Leaf Systems à cause d'inquiétudes de Washington en matière de sécurité.

«Bien entendu, certaines connotations restent liées à une marque chinoise, et s'appeler Huawei reste immanquablement chinois», reconnaît Riadi Sugihtani.

«Mais nous voyons une réellement amélioration en ce qui concerne la reconnaissance de la marque par les consommateurs à travers les différentes régions de la planète», assure-t-il.