L'émergence du numérique a envoyé un signal d'alarme à plusieurs géants aux pieds d'argile: HMV, Blockbuster, Postes Canada... Le portefeuille électronique menace-t-il à son tour les émetteurs de cartes de crédit? Pas selon Visa, qui voit plutôt l'occasion de renforcer sa place dans ce marché.

Brandir son téléphone intelligent devant une borne intelligente pour payer son épicerie en utilisant un compte PayPal, ou celui chez son fournisseur de sans-fil, sera bientôt chose possible.

Du côté des marchands, des technologies passant elles aussi par les réseaux mobiles afin de remplacer le coûteux terminal de paiement par carte font leur apparition sur le marché.

Cette concurrence fera éclater le nombre de solutions de paiement sur le marché. Jusqu'à tout récemment, elles se comptaient sur les doigts d'une main. Changement qui se fera sentir rapidement au Canada, où la pénétration de la téléphonie intelligente, clé du virage technologique annoncé, est parmi les plus élevées dans le monde.

Ça n'inquiète pas trop Visa. Au fil des derniers mois, l'entreprise a procédé à plusieurs acquisitions stratégiques. Elle a pris une participation dans Square, une société de paiement de la Silicon Valley qui a conçu un lecteur de cartes de crédit se branchant à un iPhone particulièrement abordable, qui fait le bonheur des taxis californiens.

Bref, les nouvelles technologies, Visa les attend de pied ferme. «Je crois que nous sommes bien placés pour profiter de ce changement», explique Derek Colfer, directeur des solutions mobiles pour Visa Canada.

M. Colfer cite en exemple V.me, un service Visa encore en développement envoyant des alertes mobiles à l'acheteur quand un paiement est effectué avec sa carte. Une façon simple de réduire les risques de fraude... «À plus long terme, c'est ce qui nous distinguera des nouveaux venus: la confiance des consommateurs envers la sécurité de nos produits. Nous promettons un risque zéro en matière de fraude.»

Sécurité accrue sur le mobile

Visa ne sera pas seule à jouer cette carte. En fait, tout le marché du paiement mobile vantera la sécurité accrue de cette technologie par rapport à, disons, le bon vieux portefeuille. Il faut dire que si on égare ce dernier, rien n'empêche celui qui le trouve d'en abuser. Le mobile, lui, est verrouillé par code, et on peut en effacer le contenu à distance.

Le mois dernier, l'Association des banquiers canadiens a annoncé la mise en place d'un cadre de sécurité pour le paiement mobile, afin, justement, d'en accélérer l'adoption. L'attrait est grand: d'ici 2015, ce marché pourrait générer 15 milliards en nouveaux revenus pour l'industrie canadienne du paiement, selon un rapport d'ACI Worldwide.

Ralph Dangelmaier, son président, pense que les sociétés établies devront s'ajuster si elles comptent en profiter. «Le mobile est le secteur le plus séduisant ces jours-ci tant pour les institutions financières que pour les commerçants et leurs fournisseurs, mais elles devront réduire le temps nécessaire pour mettre en marché de nouvelles technologies», dit-il. Sinon, les nouveaux joueurs vont prendre leur place.

Ça explique le sentiment d'urgence qui règne chez Visa Canada. Après tout, qui souhaiterait être le prochain Blockbuster?