Ça a dicté les politiques gouvernementales depuis plus de 10 ans. Ça a fait sourciller les sociologues et les démographes. Aujourd'hui, le problème est tout autre: ce ne sont plus les habitants des régions qui sont les moins branchés, ce sont les personnes nées avant 1967.

La fracture numérique est désormais générationnelle.

«Alors qu'on atteint un summum chez les 18-24 ans, le nombre d'internautes commence à diminuer dès 45 ans, note le Centre francophone d'informatisation des organisations (Cefrio), qui compile des statistiques sur le sujet depuis plusieurs années. C'est à partir de cet âge qu'on constate un changement important des habitudes face aux technologies de communication. Et plus l'âge augmente, moins l'internet est populaire, observe Claire Bourget, directrice générale du Cefrio.

«Au Québec, les non-branchés ne sont plus les gens des régions éloignées. Ce sont les gens plus âgés, qui vivent pour la plupart en ville. En fait, la coupure est importante, elle englobe l'ensemble des technologies : l'internet, la téléphonie mobile, etc.»

Alors que plus de 90 % des adultes québécois de moins de 45 ans visitent l'internet au moins une fois par semaine à la maison, seulement 41 % de ceux âgés de plus de 65 ans l'ont fait en 2011, selon le Cefrio.

En moyenne, un peu plus de 82 % des adultes québécois ont accès à internet, 77 % y ayant accédé régulièrement à partir de la maison, en 2011.

Une fracture à risque

Au tournant des années 2000, les chercheurs ont trouvé une expression pour illustrer le phénomène qui, à l'échelle mondiale, séparait les gens branchés à l'internet et ceux qui ne pouvaient pas en profiter : la fracture numérique.

Alors que la croissance économique semblait liée aux nouvelles technologies et que l'internet promettait de nouvelles formes inédites d'accès à l'information, cette fracture pouvait avoir des conséquences néfastes sur le développement des régions les moins bien branchées de la planète.

À l'échelle québécoise, que cette fracture se déplace sur le plan générationnel pose un nouveau genre de défi, croit la directrice générale du Cefrio. D'autant que cette fracture est également de nature financière : les gens âgés disposant d'un revenu moindre, ils sont les plus susceptibles d'être absents de l'internet.

« Ça en fait donc des clientèles difficiles à contacter pour les organismes qui souhaiteraient leur venir en aide à partir de l'internet, qu'il s'agisse du gouvernement ou d'autres «, indique-t-elle, craignant que le virage technologique pris par les services publics ne les laisse en plan.

La télésanté est un exemple de ces services qui, à l'origine, devaient faciliter le traitement de certains maux à distance, auprès d'une clientèle n'ayant ni les moyens ni la capacité de se déplacer jusqu'à l'hôpital le plus proche. Outre l'économie de temps, la télésanté promet une réduction de l'engorgement du système ainsi qu'une baisse des coûts liés à sa gestion.

Proportion d'internautes réguliers au Québec par tranche d'âge en 2011

18-24 ANS: 95%

25-34 ANS: 92%

35-44 ANS: 91%

45-54 ANS: 82%

55-64 ANS: 70%

65 et PLUS : 41%

Source : CEFRIO, sondage NETTendances 2012