Ubisoft fête cette année ses 15 ans de création de jeux vidéo en sol montréalais.

L'éditeur français fera les choses en grand, témoignant du rôle de premier plan que jouent désormais ses quelque 2500 professionnels établis au Québec.

Ce total représente environ la moitié de la main-d'oeuvre totale du groupe français, qui se remet enfin d'une période plus difficile, ayant engrangé un solide bénéfice de 952 millions de dollars à son dernier trimestre. Une bonne partie de ce succès revient au studio montréalais, Assassin's Creed Revelations, son plus récent bébé, ayant généré plus de revenus que prévu.

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La popularité de la série Assassin's Creed n'a pas fini de grandir. Ce soir, à l'occasion de l'Electronic Entertainment Expo (E3) de Los Angeles, qui réunit la crème de l'industrie mondiale du jeu vidéo, Ubisoft dévoilera des images du prochain volet de cette série, Assassin's Creed 3, le plus grand investissement de son histoire et sans conteste le plus attendu des jeux de console cette année.

Selon le portail Gamespot, une référence en matière de jeu vidéo, le deuxième jeu le plus attendu au E3 est Far Cry 3, un jeu également créé par Ubisoft et conçu... à Montréal. Gamespot ne le sait peut-être pas, mais Ubisoft réserve une surprise aux gens présents sur place, possiblement un nouveau titre développé à Montréal marquant, en quelque sorte, l'anniversaire de sa présence canadienne.

Pas surprenant si, à quelques heures de s'envoler pour Los Angeles, le directeur général d'Ubisoft Canada, Yannis Mallat, est souriant et décontracté.

«Ça fait 15 ans qu'on développe notre modèle et on voit les résultats au E3 cette année. Aujourd'hui, Montréal dirige les plus grandes marques du groupe Ubisoft. Nos studios ailleurs dans le monde sont à un niveau où nous étions il y a cinq, dix ans.»

Un studio à Toronto

Tout n'est pas rose pour autant pour Ubisoft au Québec. Il y a quelques années, Ubisoft prévoyait employer 3000 professionnels au Québec dès 2013, mais les dernières années, difficiles pour tous les grands éditeurs, ont modéré ces prévisions.

Depuis 2008, plusieurs trimestres se sont écrits à l'encre rouge chez Ubisoft, même si l'éditeur français se défend d'avoir gagné des parts de marché, durant cette période.

L'ouverture d'un studio à Toronto, qui sera notamment dirigé par Cédric Orvoine, un ancien d'Ubisoft Montréal (directeur général (intérimaire) à Toronto)



, redirigera aussi une partie de la croissance de la division canadienne vers l'Ontario.

«Nous allons appliquer la même formule à Toronto qui nous a permis de démarrer rapidement à Montréal. On leur envoie nos séniors, afin qu'ils soient prêts eux aussi dès le premier jour», confirme M. Mallat, qui ajoute, malgré cela, qu'il y a toujours pénurie de main-d'oeuvre d'expérience dans le jeu vidéo au Québec.

Prochain terrain de bataille d'Ubisoft Canada et de l'industrie montréalaise du jeu vidéo? L'immigration. «C'est une industrie où le talent bouge beaucoup. Quand ça leur prend 16 semaines pour obtenir un visa de travail au Canada, les professionnels d'expérience préfèrent regarder ailleurs.»

D'autres défis pour les 15 prochaines années? Surfer sur les changements d'une industrie dont la clientèle passe progressivement de 300 millions de joueurs de PC et de console à 2 milliards de propriétaires d'appareils intelligents en tout genre.

«L'industrie se démocratise. Il y aura de nouvelles compétences à développer. C'est un synonyme de croissance, à condition de miser sur du contenu original, car plus il y aura de contenu, plus il faudra se distinguer pour connaître du succès.» On fera le point là-dessus en 2027...