Qu'ont en commun Google, Oakley, Walmart et la société montréalaise Miralupa? Les quatre comptent être des pionniers de la réalité augmentée, une technologie qui tarde à décoller, mais qui pourrait bien être le prochain gros succès de la mobilité informatique.

S'il n'en tient qu'aux promoteurs de la réalité augmentée, c'est au plus tard dans trois ans que cette technologie, qui superpose de l'information tirée de l'internet au réel, fera une véritable percée grand public.

Walmart a déjà commencé, la société Ad-Dispatch, de Halifax, ayant créé une application téléphonique faisant apparaître virtuellement les superhéros du film The Avengers dans les rayons de ses magasins.

Ce n'est qu'un début. Au cours des trois prochaines années, les études prédisent au marché de la réalité augmentée une croissance comparable à celle de Facebook depuis 2008. Cette technologie, superposant des images informatiques à des images réelles, ne valait pas grand-chose il y a quatre ans. Elle pourrait valoir un peu plus de 5,1 milliards en 2016.

La réalité augmentée s'en vient à grands pas, assure Élie Charest, directeur de la création pour Miralupa, société montréalaise qui planche actuellement sur une «réalité augmentée partagée», permettant à plusieurs personnes de voir un même objet virtuel en même temps, à l'aide de leur appareil mobile.

«Avec les plus récents téléphones intelligents, la technologie est déjà dans les mains du public. Notre plus grand défi est de leur expliquer ce que c'est: un mélange de géolocalisation, de réel et de virtuel. C'est sûr qu'au début, les premiers utilisateurs vont avoir l'air d'extraterrestres, mais il va y avoir des applications de réalité augmentée dans à peu près tous les domaines», dit-il.

Elles existent déjà: des jeux vidéo donnant vie à des petits monstres qu'on doit trouver en pointant son téléphone intelligent vers tous les coins de la pièce, aux outils qui remplacent le texte d'une affiche en langue étrangère par une traduction dans la langue de son choix.

Le grand public ne s'y intéresse cependant pas vraiment. Sans doute que le fait d'avoir à tenir son portable à hauteur des yeux en permanence est un facteur déterminant...

Bien plus qu'une application téléphonique

Ça aussi, ça pourrait changer. Le mois dernier, elle a reçu un appui de taille: celui de Google. Son cofondateur Sergey Brin a été aperçu avec, sur le nez, un prototype de lunettes à réalité augmentée. Au même moment, le géant informatique a publié la vidéo illustrant une telle réalité augmentée.

La même semaine, le PDG d'Oakley affirmait être «à la poursuite de cette bête depuis 1997», n'attendant que le bon signal pour commercialiser des lunettes à réalité augmentée.

En plus d'afficher la météo et du contenu tiré de l'internet, ces lunettes possèdent un appareil qui prend des photos et tourne de la vidéo, tandis qu'un micro sert à donner des commandes vocales.

Plusieurs éléments de cette technologie demeurent inexistants à ce jour, mais Google et Oakley parlent d'une mise en marché d'ici deux ou trois ans.

Plusieurs experts sont sceptiques, qualifiant la réalité augmentée de science-fiction. «Il y a des aspects à améliorer, c'est certain.

La commande vocale, des lunettes comme celles de Google ou même la projection sur le pare-brise d'une automobile pourraient simplifier son utilisation. Ça fait plusieurs années que la réalité augmentée existe, mais on sent que là, pour la première fois, elle est sur le point d'exploser pour de bon», assure Élie Charest.