Les Chinois ne se contentent pas de fabriquer les appareils conçus par Apple, ils s'arrachent aussi les iPhones et iPod, devenus des symboles d'ascension sociale.

Du coup la Chine, où les ventes d'iPhones ont quintuplé sur un an au premier trimestre, est devenu un marché majeur pour Apple, qui y a réalisé 7,9 milliards de dollars de ventes entre janvier et mars, un chiffre «ahurissant» de l'aveu du pdg Tim Cook.

Cela représente un triplement en un an.

Durant le premier semestre de son exercice décalé (octobre 2011-mars 2012), Apple a réalisé 12,4 milliards de dollars de chiffre d'affaires en Chine, ce qui devrait lui permettre de pulvériser la performance réalisée dans ce pays durant tout l'exercice 2010-11 (13,3 milliards de dollars de ventes).

La Chine est le deuxième pays au monde, derrière les États-Unis, pour la demande pour les produits Apple, et devrait prochainement se classer en tête.

M. Cook a fourni son explication à cette croissance exponentielle lors d'une téléconférence organisée mardi à l'occasion de la présentation des résultats trimestriels.

«La Chine a un nombre énorme de gens qui accèdent à un niveau de revenus plus élevés, à la classe moyenne, et cela crée une demande pour des biens» de consommation, a-t-il dit.

«C'est une occasion formidable pour des entreprises qui comprennent la Chine, et nous faisons tout ce que nous pouvons pour la comprendre», a-t-il ajouté.

Durant le trimestre, Apple a bénéficié du lancement en janvier en Chine de l'iPhone 4S, sorti plus tôt dans d'autres régions du monde, et que les consommateurs chinois attendaient avec impatience.

En outre, les ventes de ce nouveau téléphone multifonction ont bénéficié en mars d'un nouvel accord de distribution avec l'opérateur China Telecom.

«Le marché chinois a vraiment de quoi faire peur aux concurrents d'Apple», estime l'analyste Tim Bajarin, chez Creative Strategies.

«Cela ne fait que très peu de temps que (le groupe) y est, et déjà il y réalise 12% de son chiffre d'affaires».

Les produits Apple ont actuellement environ 11 000 points de vente en Chine, un chiffre qui devrait doubler dans les deux ans.

«Il est clair qu'Apple va investir beaucoup d'argent dans le marché chinois», acquiesce l'analyste Stephen Baker, au cabinet NPD.

Autant des groupes internet comme Google et Yahoo! peinent à s'imposer en Chine en raison de l'étroit contrôle exercé par les autorités sur les flux d'information, autant un groupe comme Apple a de quoi se réjouir de vendre principalement du matériel, qui n'est pas soumis à ce genre d'entraves.

En outre, en tant que symboles de statut, les appareils Apple parviennent à se vendre à partir de quelque 800 dollars, bien plus cher qu'aux Etats-Unis, sans les ristournes consenties par des opérateurs en échange d'abonnement.

Côté logiciels, Apple est aussi parvenu à adapter ses programmes comme iTunes au marché local.

«D'autres marques ont eu du mal à pénétrer le marché chinois, que ce soit avec des téléviseurs, des ordinateurs par exemple», note Stephen Baker, mais «c'est différent pour Apple», qui a réussi à entamer la fidélité des consommateurs pour les produits locaux.

D'autant qu'il est peu imaginable que les Chinois achètent Apple par patriotisme, même si c'est là que sont fabriqués ses appareils.

En effet les conditions de travail chez le sous-traitant Foxconn ont suscité un fort intérêt dans les médias occidentaux, mais peu en Chine, selon M. Bajarin.

«La clé du succès d'Apple ces dernières années, c'est sa capacité à concevoir des produits pour le marché mondial», souligne Michael Gartenberg, chez Gartner.

«Les enjeux en Chine sont très élevés, mais ils prouvent qu'Apple est plus qu'un phénomène américain».