Les bouleversements provoqués par l'explosion des ventes de mobiles permettant d'échanger des données en plus de téléphoner, provoquent des modifications de périmètre chez les industriels des télécoms et de l'internet, voire une convergence entre les métiers.

Depuis la dernière édition du Mobile World Congress de Barcelone, plusieurs alliances ont jeté des ponts entre des entreprises de secteurs différents, et l'édition 2012 la semaine prochaine sera l'occasion d'étudier le phénomène.

Le rachat de l'équipementier américain Motorola Mobility par le géant de l'internet Google, finalisé il y a une semaine, est la dernière en date des transactions.

En octobre, Sony avait annoncé avoir racheté les parts de son allié suédois Ericsson dans leur coentreprise de téléphones portables Sony Ericsson, qui devient ainsi une filiale à 100% du groupe électronique japonais.

Sony a expliqué qu'il souhaitait ainsi faire entrer les téléphones intelligents dans sa gamme de produits grand public connectés, au côté des tablettes numériques, des ordinateurs, des consoles de jeu vidéo et des téléviseurs.

L'année 2011 a également vu un bouleversement de la hiérarchie des principaux constructeurs de téléphones intelligents, dans un jeu de chaises musicales.

L'américain Apple a ainsi repris au quatrième trimestre 2011 la première place des ventes mondiales en volume de téléphones intelligents devant le coréen Samsung qui reste cependant numéro un sur l'année, laissant loin derrière l'ex-leader du marché, le finlandais Nokia, qui avait perdu la première place au deuxième trimestre 2011.

Le couple Nokia-Microsoft très attendu

Sentant le vent du boulet, en début d'année, Nokia, ancienne pointure de la téléphonie mobile qui a manqué le virage des téléphones intelligents, avait choisi de nouer un partenariat avec l'américain Microsoft qui, lui, espérait ainsi faire émerger son système d'exploitation Windows Phone, actuellement situé loin derrière l'iOS d'Apple et l'Android de Google.

L'annonce du lancement d'un nouveaux terminal haut de gamme sous Windows 7 par le couple Nokia-Microsoft, lors du Mobile World Congress de Barcelone, est donc très attendue par les spécialistes, divisés sur les chances de réussite du géant de l'informatique.

Microsoft devrait également profiter du Congrès mondial du Mobile pour lancer la version «beta» (test) de son système d'exploitation Windows 8.

Pour Microsoft, «l'enjeu est d'avoir un certain nombre de lancements de produits prévus pour 2012 tout en essayant de donner une perspective dans les deux ou trois ans qui viennent pour Windows 8, les tablettes, ainsi que l'environnement XBox et Kinect», estime Thomas Husson du cabinet Forrester.

Il a d'ailleurs une carte à jouer sur «les usages mobiles du marché des entreprises», dont le parc informatique PC est largement équipé de ses logiciels, et «qui hésite à mettre en place un système d'applications pour des problèmes de sécurité», souligne Alexeï Kharlamov, du cabinet Roland Berger.

Par ailleurs, les opérateurs sont, eux aussi, entrés dans la bataille en cherchant de nouvelles manière de créer de la valeur.

«Des acteurs de plus en plus importants dans l'informatique sont des acteurs des télécoms comme Orange Business services», assure Mathieu Poujol, directeur technologie chez Pierre Audoin Consultants (PAC).

«La question est également de savoir quelles vont être les relations entre les fabricants de terminaux et les opérateurs» qui souhaitent sortir des relations exclusives qu'ils vivent avec Google ou Apple, tout en contrôlant le lien avec des clients de plus en plus accaparés par les magasins d'applications, explique Laurent Zenou.

«Comme il y a une pression sur les prix, les subventions de terminaux vont être de moins en moins importantes», et les opérateurs pourraient avoir intérêt à fabriquer leurs propres appareils, et les distribuer sous leur marque», ajoute-t-il.