Le groupe de photographie Eastman Kodak, à la recherche d'économies de tous types dans l'espoir de sortir du dépôt de bilan, a annoncé jeudi qu'il arrêterait d'ici au 30 juin la production d'appareils photo numériques, de caméscopes de poche et de cadres photo numériques.

Le groupe américain, connu pour avoir fait de la photographie un loisir de masse en lançant dès 1895 le premier appareil photo de poche bon marché, se concentrera sur les imprimantes de photos et «son programme de licence de marques», c'est-à-dire des accords sur l'utilisation de ses brevets.

«Depuis quelque temps, la stratégie de Kodak consiste à optimiser ses marges dans le secteur des appareils de prise de vue en réduisant sa gamme de produits, sa présence géographique et son réseau de distribution. L'annonce d'aujourd'hui est la suite logique de ce processus», a justifié le directeur marketing du groupe, Pradeep Jotwani, dans un communiqué.

Kodak a déposé son bilan le 19 janvier pour se restructurer à l'abri des demandes de ses créanciers, victime au bout de 131 ans d'existence du retard pris dans le numérique.

Le groupe a assuré jeudi que malgré son retrait du marché grand public des appareils photo et vidéo, il maintenait «une position forte sur le marché de l'imagerie personnelle».

«Grâce à la technologie Kodak, les utilisateurs peuvent facilement créer de nombreux produits photo, où qu'ils se trouvent et à tout moment. Ils peuvent notamment réaliser des tirages et créer des livres photo, des cartes de voeux avec photo ainsi que des calendriers personnalisés. Ces articles peuvent être créés sur des produits de qualité Kodak, en magasin, à la maison et commandés pour une livraison à domicile», a souligné le groupe.

En outre, Kodak fournit divers produits et services destinés aux professionnels, y compris dans le cinéma.

«Aujourd'hui, les activités numériques de Kodak représentent environ trois quarts du chiffre d'affaires total» du groupe dont le siège se trouve dans l'État de New York, à Rochester, a-t-il précisé.

Pour autant, Kodak garde également des «activités traditionnelles de pellicule argentique et papier photographique».

La décision d'arrêter de fabriquer appareils photo numériques et caméscopes doit permettre d'économiser plus de 100 millions de dollars par an, selon Kodak, qui est à la recherche de toutes les sources possibles d'économies.

La semaine dernière, il a demandé à dénoncer avec dix ans d'avance le contrat de parrainage qui le lie au prestigieux Kodak Theater, en plein Hollywood, qui accueille chaque année la cérémonie des Oscars.

Mercredi, la société immobilière propriétaire des lieux a cependant demandé au tribunal des faillites d'obliger Kodak à honorer son contrat au moins jusqu'au 31 décembre, arguant que le groupe bénéficiait encore des retombées publicitaires liées aux spectacles déjà annoncés au «Kodak Theater», un bâtiment massif dont le style rend hommage à l'époque Art Déco, inauguré à l'automne 2001.

Dans un document de justice consulté en ligne, la société propriétaire CIM explique que le contrat de parrainage s'élève à 72 millions de dollars.

De nombreux investisseurs doutent fortement des chances qu'a Kodak de réussir son redressement. «Personnellement, nous n'avons aucune attente concernant la valeur subsistant (dans l'entreprise), à moins qu'elle puisse monétiser ses brevets au-delà des espoirs les plus fous», écrivait jeudi l'analyste Jon Ogg, sur le site spécialisé 247WallSt.com.