On connaît tout de la vie du fondateur d'Apple et le jeune PDG de Facebook a déjà vu la création de son entreprise faire l'objet d'un film hollywoodien. Mais les femmes qui travaillent en technologie déplorent souvent le manque de modèles vers lesquels elles peuvent se tourner.

Si bien que lorsqu'un portrait de la directrice de l'exploitation de Facebook a été publié dans le magazine The New Yorker, l'été dernier, l'article a été grandement relayé dans les milieux technologiques. Le titre: «Sheryl Sandberg dans la Silicon Valley dominée par les hommes».

Avec Marissa Mayer, vice-présidente de Google, Sheryl Sandberg fait partie des rares femmes à occuper des postes de direction dans la Silicon Valley. Un discours qu'elle a prononcé en 2010 sur le manque de femmes dans les postes de haute direction a été vu des centaines de milliers de fois.

Coorganisatrice des Montreal Girl Geeks, Sandy Sidhu cite la dirigeante de Facebook comme un modèle. «Elle m'a beaucoup inspirée, il y a beaucoup de choses dont elle parle qui me touchent. Mais on n'entend pas souvent son histoire», dit la jeune femme de 32 ans.

Une rareté

Entrepreneure web en vue dans son milieu, Tara Hunt est souvent invitée à parler dans les conférences technologiques. C'est en quelque sorte la Sheryl Sandberg du Québec!

«Quand on est sur scène parce qu'on est une rareté, on devient la représentante de toutes les femmes. Quand on parle et qu'on fait un bon travail, la perception des femmes conférencières change. Mais si on ne réussit pas bien, on entretient les stéréotypes», dit-elle.

Un sentiment que partage Isabelle A. Melnick. «Je fais un métier qui n'est pas très populaire auprès des femmes.

Je suis devenue féministe par ma situation», dit la programmeuse-analyste.

Coauteure d'un livre dans lequel on fait le portrait de femmes travaillant dans les nouvelles technologies, Denise Shortt croit qu'il faut donner plus de visibilité à celles qui travaillent dans le domaine. « Il y a déjà des femmes dans l'industrie de l'informatique qui ont du succès. Il faut raconter leurs histoires, leur donner des plateformes pour parler, les mettre en lumière afin que les jeunes femmes puissent voir leur propre image dans l'industrie.»

Tara Hunt reçoit régulièrement des courriels de jeunes femmes qui regardent et aiment ce qu'elle fait comme entrepreneure. Elle est consciente d'être un modèle pour plusieurs.

«Une partie de moi voudrait juste bâtir une entreprise et ne pas être une femme qui fait une entreprise. Mais je comprends que ma génération doit créer davantage de modèles pour les femmes, et que les prochaines générations le feront sans y penser. C'est le fardeau que je porte, le fardeau que toutes les femmes dans le domaine portent.»