Au coeur de Tokyo, le N Building a une façade inusitée. L'immeuble commercial est paré d'un immense code noir et blanc qui, une fois lu par un téléphone intelligent, permet de télécharger des bons de réduction, de faire des réservations et de recevoir des informations en direct.

Bien implantés au Japon, où ils ont été créés en 1994, les codes QR (pour quick response) font timidement leur apparition chez nous. On trouve ces carrés pixélisés sur les publicités imprimées, tant dans les transports en commun que dans les magazines et les journaux. Une fois lus par un cellulaire, les codes QR renvoient le plus souvent vers un site web ou une application.

Le Centre des sciences de Montréal en a même déjà mis sur des petits gâteaux pour promouvoir l'une de ses expositions. Le défi pour les mobinautes était de lire le code QR avec un téléphone avant de manger le petit carré de sucre sur lequel il se trouvait...

Peu de statistiques ont mesuré jusqu'ici la popularité de ces codes au Canada. Selon l'entreprise 3G Vision, qui crée de tels codes, l'utilisation des «codes-barres mobiles» a crû de 69% au pays entre le premier et le deuxième trimestre de 2011.

Aux États-Unis, 14 millions d'utilisateurs de téléphones mobiles auraient lu un code QR en juin dernier, soit 6% des utilisateurs d'appareil mobile.

Certains clients de l'entreprise web mont-réalaise Odacia - dont l'UPA et le CAA - les ont récemment testés dans leurs campagnes publicitaires. Des tests «assez concluants», dit le fondateur d'Odacia.

Il croit qu'il faut toutefois savoir comment s'y prendre pour que les gens soient intéressés à aller voir ce qu'un code a à dire.

«Si on fait un code QR qui ne fait que renvoyer les gens à un site, je ne suis pas certain que l'usager va répéter l'expérience. Il faut qu'il y ait une valeur ajoutée, un bonbon au bout», affirme Christian Bougie. Des prix à gagner ou un jeu, par exemple, sont de bons facteurs de motivation.

Bientôt remplacés?

Si certains débordent d'enthousiasme pour la technologie, d'autres prédisent sa mort imminente. «Mort au code QR» a titré durant l'été le site Business Insider, selon lequel ces codes ne sont qu'une «perte de temps», tant pour ceux qui les font que pour ceux qui les lisent.

Il est vrai que le mobinaute doit travailler pour accéder à l'information, souvent publicitaire, que les codes QR ont à offrir. L'utilisateur d'un téléphone multifonctions doit télécharger une application qui lui permettra de lire ces codes.

Christian Bougie reconnaît qu'il faut une certaine dose de motivation pour lire des codes QR. «Ce n'est pas accessible à tout le monde», dit-il, ajoutant que dans une campagne publicitaire, il vaut mieux cibler les jeunes.

«Si on fait des codes QR pour les gens de 40 ans et plus, on va gaspiller du temps. Mais si on oriente la stratégie de code QR vers des gens dans la vingtaine ou la trentaine, plus de gens seront prêts à les scanner», dit-il.

L'avenir des codes QR pourrait dépendre de celui de la communication en champ proche (NFC). Cette technologie permet à des téléphones intelligents de recevoir de l'information sans contact. La firme Juniper Network estime que, d'ici à 2014, 20% des téléphones intelligents vendus seront équipés de la technologie NFC.

Le géant de la recherche Google semble avoir choisi son camp. L'an dernier, il a abandonné les codes QR, qu'il avait commencé à implanter dans certains commerces aux États-Unis dans le cadre de son programme Google Places. C'est la technologie NFC qui remplacera les codes QR. Le prélude d'une chaude lutte?