Nowhere Man des Beatles résonne dans l'Apple Store de Washington. On touche l'iPad, on observe le Macbook Air et on spécule sur l'avenir d'Apple sans Steve Jobs, son emblématique ex-patron. «Faudra s'y faire», déclare A.R. Esfandiary, un client.

«Apple, j'en suis fan depuis trois ans», lance à l'AFP M. Esfandiary, venu suivre une formation informatique dans le magasin. «J'ai un ordinateur Apple, un (baladeur) iPod et un iPad», la tablette de la marque à la pomme, énumère-t-il.

Ce pneumologue à la retraite juge la démission de Steve Jobs de la tête d'Apple «inévitable». «Cela devait arriver, vu son état de santé».

Steve Jobs n'a certes avancé aucune raison pour son retrait, mais ses ennuis de santé sont récurrents. Il a souffert d'un cancer du pancréas en 2004 et subi une transplantation du foie en 2009.

T-shirt bleu réglementaire, sourire avenant, s'approche Brandi Choice, la directrice de la succursale. «Notre réglement est très strict concernant les interviews à l'intérieur du magasin», explique-t-elle. Aucune chance donc de connaître le sentiment de la grosse douzaine d'employés de l'Apple Store de Georgetown, un quartier huppé de la capitale américaine. Et Mme Choice de prier les journalistes d'interroger les clients sur le trottoir.

La main sur l'énorme porte du magasin, Sarah Scott s'apprête à faire réparer un «vieux MacBook Air». «Steve Jobs possédait un sacré flair pour les affaires. Il savait toujours ce qui allait marcher. Avec son retrait, il y a beaucoup de questions en suspens», estime-t-elle. «En tout cas, c'est très mauvais pour les actions Apple. Je n'en ai pas, mais j'ai des amis qui en ont».

Venu flâner dans l'Apple Store en famille et avec des amis, Patrick Duperron, un touriste français, s'interroge: «Steve Jobs, c'est pas celui qui sauve Apple à chaque fois qu'il revient?».

Car Steve Jobs n'est pas seulement le «self made man» qui a cofondé Apple en 1976 en Californie. C'est aussi l'artisan de sa renaissance. En 1997, il revient à la tête du groupe après une absence de 12 ans. Dans les années qui suivent, Apple explose grâce au lancement réussi de l'ordinateur iMac, puis des baladeurs iPod, des téléphones iPhone et dernièrement des tablettes numériques iPad.

Peu importe la personnalité de Steve Jobs, que ses détracteurs disent autoritaire, peu importe aussi que le désormais ex-patron d'Apple ait conçu quatre produits phare de la high tech, pour André Souza, un jeune Portugais, le plus important, c'est que les produits en question «fonctionnent».

«Je n'ai rien ressenti de spécial à l'annonce de son retrait» mercredi soir, dit M. Souza. «Je possède des produits Apple, oui, mais je ne m'agenouille pas» devant Steve Jobs, souligne-t-il.