Le 31 juillet prochain, Cisco mettra en vente au Canada la tablette Cius, un appareil à écran tactile de 7 pouces animé par une version habilement retouchée Android 2.2, de Google. Destinée aux entreprises, la Cius sert une importante leçon aux autres fabricants de tablettes Android grand public, Motorola et Samsung en tête.

Avec la Cius, Cisco espère d'abord et avant tout satisfaire les besoins de sa clientèle actuelle, des grandes entreprises et des institutions de forte taille désireuses d'optimiser la mobilité de leurs employés. Celles qui ont les moyens de s'offrir une tablette dont le coût unitaire avoisinera les 700 à 800 dollars, sensiblement plus que le prix de détail d'une tablette iPad, d'Apple, aux caractéristiques similaires.

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Appuyant sur l'intégration de ses nombreuses technologies déjà existantes, comme la connexion VPN Cisco AnyConnect et la conférence vidéo TéléPrésence, la Cius introduit tout de même plusieurs nouveautés, tant pour Cisco que pour les tablettes Android.

La plus importante : AppHQ, une boutique d'applications privée où Cisco trie les applications sur le volet, afin qu'on n'y trouve que des produits conformes aux normes de sécurité des entreprises, généralement plus élevées que la moyenne.

À même cet AppHQ, les gestionnaires TI pourront créer une boutique d'applications personnalisée convenant aux seuls critères de leur entreprise, limitant ainsi un peu plus les failles de sécurité qu'un employé un peu trop aventureux pourrait causer.

Cisco fait donc d'une pierre deux coups : elle assure un accès à l'ensemble des applications Android déjà existantes, mais permet d'en limiter l'étendue au cas par cas. En prime, Cisco promet d'offrir aux développeurs intéressés tous les outils nécessaires afin de créer des applications respectant les normes de sécurité de son AppHQ.

Une interface révisée de bout en bout

Ce qu'on reproche souvent à Android, tant du côté des téléphones que des tablettes, c'est d'avoir sensiblement la même saveur d'un appareil à l'autre, sans égard à sa marque. Google s'en défend bien : après tout, c'est la faute aux fabricants, qui ne consacrent que très peu d'énergie à personnaliser le logiciel, pourtant très ouvert à cette tâche.

Que la tablette Xoom, de Motorola, soit identique à la Galaxy Tab, de Samsung, ou la Thrive, de Toshiba, n'est effectivement pas du ressort de Google. À ce jeu, Cisco tire plutôt bien son épingle du jeu, intégrant à l'interface de ce système open source des éléments qui lui sont bien uniques.

Ainsi, une barre d'outils de communication apparaît pour chaque contact, permettant de le rejoindre par téléphone, messagerie texte, courriel ou par vidéo. Ensuite, une application concentre tous les types de communications possibles entre la Cius et ses contacts : pratique pour retracer une conversation qui s'étend sur plusieurs médias, du courriel à la conférence WebEx, par exemple.

Accessoirement, Cisco vend un socle qui prend la forme d'un téléphone de bureau, ainsi qu'un moniteur avec ports USB, pour la souris et le clavier. Ça permet d'accéder au bureau virtuel de l'employé, autre produit offert par Cisco.

À nouveau, tous ces outils sont axés sur les besoins d'entreprises qui sont déjà des clients du géant californien. C'est une formule nichée, mais qui pourrait être couronnée de succès, estiment les analystes.

« Si on étudie la Cius sous cet angle, et non en tant que concurrent de l'iPad dans le marché grand public, alors Cisco pourrait ne vendre qu'une poignée de ces tablettes et tout de même être profitable », note Jack Gold, un analyste qui a assisté à la présentation.

Du côté de Cisco, on semble se contenter de cette formule. Contrairement à la TéléPrésence, qui a été déclinée en une version grand public appelée Umi, il n'y a présentement aucun projet de mise en marché plus large de la Cius.

Il ne faut cependant jamais dire jamais, peut-être que Cisco se fera prendre au jeu de la « consommarisation » des TI, au point d'aller un peu plus loin dans cette direction.