La prochaine grande révolution de l'informatique personnelle? Sa disparition complète. Ou plutôt, la disparition de ce qu'on connaissait jusqu'ici comme l'informatique moderne. S'il n'en tient qu'à Apple, Google et Microsoft, fichiers, répertoires et toute la structure classique du bon vieux PC sont déjà chose du passé.

«Personne n'aime les fichiers. Il faut les faire disparaître», disait Steve Jobs, PDG d'Apple, plus tôt cette semaine. Introduisant Mac OS X Lion, la huitième génération du système qui anime ses Mac, Jobs démontrait les vertus d'applications en mode plein écran, affichant photos, musique et autres documents comme des objets, non plus comme des fichiers. Exit le Finder, ce fameux «bureau» par lequel on accède aux dossiers contenant des fichiers et des logiciels.

C'est la même chose pour Windows, le système de Microsoft qui anime encore aujourd'hui 90% des quelque 440 millions d'ordinateurs personnels qui se vendent chaque année. Une version très préliminaire de Windows 8, dévoilée il y a dix jours, révèle un écran séparé en plusieurs tuiles affichant du contenu multimédia, de l'information tirée d'internet et des applications diverses. «C'est la plus importante transformation depuis Windows 95», a résumé Steven Sinofsky, responsable de son développement pour Microsoft.

Naturellement, on peut remercier la nouvelle génération d'appareils mobiles pour ce phénomène. C'est elle qui, avec ses écrans tactiles et son interface alliant images et effets sonores, fait oublier qu'il fallait autrefois taper de longues commandes abstraites au clavier de son PC avant de pouvoir ouvrir un document texte ou même jouer à un jeu vidéo.

Les ordinateurs actuels, Mac ou PC, ont remplacé le clavier par une souris et, surtout, par un clic et un double-clic, mais ils cachent mal leurs origines: fichiers MP3, DOC et JPEG demeurent la norme.

La prochaine génération troquera la souris et les fichiers pour des pavés tactiles multifonctions et des applications spécifiques. Google pense aussi qu'internet pourra carrément remplacer Windows ou Mac OS. Le Chromebook, une première génération d'ordinateur mise sur le marché de façon très limitée cet été, n'utilise que des applications et des services web, comme les Google Apps.

Ce changement ne surviendra pas du jour au lendemain. Samsung, qui fabrique le premier Chromebook, ne prévoit pas en vendre des tonnes d'exemplaires. Mais après avoir effacé fichiers et répertoires, que restera-t-il à éliminer, sinon le système d'exploitation lui-même?

Pour joindre notre journaliste alain.mckenna@lapresse.ca