Maintenant que Larry Page prend le relais d'un vieux routier des technos, Eric Schmidt, à la tête de Google, on peut se demander si cette manoeuvre se traduira par un changement de direction pour l'ensemble de l'entreprise, qui fait face à plusieurs nouveaux défis cette année. De la mobilité à Facebook, au moins six défis seront à relever pour Google et Page en 2011.

La mobilité

Android est tout azimut depuis trois ans, mais le système d'exploitation de Google n'est toujours pas une source de revenus comparable au iPhone, chez Apple, ou même aux BlackBerry chez RIM. C'est simple: la formule adoptée par Google consiste à fournir le logiciel aux fabricants qui en font ce qu'ils veulent. Ça a donné une première génération de téléphones intelligents et de tablettes numériques diversifiée mais incomplète à bien des égards, chaque nouvelle mise à niveau entraînant son lot de corrections.

Au fil des prochaines semaines, Google dévoilera à plus grande échelle Android 2.3 et 3.0, qui devraient s'avérer des systèmes complets et stables pour ces deux marchés. Le défi de Google: forcer les millions de propriétaires d'appareils animés par les versions antérieures d'Android (1.6, 2.0, 2.1, 2.2), ainsi que les fournisseurs de services sans fil par qui cette mise  niveau doit être effectuée, à faire le saut vers la plus récente version d'Android.

À titre comparatif, Android 2.3 représente actuellement 0,4 % de tous les appareils Android sur le marché, alors que iOS 4.2, la dernière moûture du système pour iPhone et iPad, est installé sur plus de 80 % des produits Apple compatibles.

La télé branchée

Google TV, ça vous dit quelque chose? Ce n'est pas encore un flop, mais ça en a tous les aspetcs: des ventes décevantes, aucun attrait du côté des tiers et un paquet de rivaux qui offrent des services au moins similaires, sinon mieux ficelés.

En revanche, ce marché est tout naissant. LG, Samsung, Sony et tous les autres déjà familiers avec Android du côté de la téléphonie pourraient donner un second souffle à Google TV si tous les éléments se mettent en place du côté du contenu (films, télé, recherche, etc.). Mais à ce niveau, les géants américains, de Disney à Time Warner, ont déjà des intérêts ailleurs, ou craignent une déconfiture similaire à celle de l'industrie musicale.

La Chine

Le New Yorker rapporte que Schmidt a connu son Waterloo professionnel l'an dernier, alors que Google a eu maille à partir avec la Chine. Alors que Sergey Brin et Larry Page ont forcé le géant à retirer ses billes du plus important marché internet au monde, Schmidt aurait préféré y rester. Ça aurait peut-être changé quelque chose à la situation désavantageuse de Google en Chine, où on rival Baidu s'accapare le gros du marché de la recherche.

Les relations publiques

Don't be evil, vraiment? Le motto de Google en a pris pour son rhume depuis un an, plusieurs remettant en question les pratiques du géant de la recherche en matière de respect de la vie privée, et des données des internautes.

En même temps, Google n'a jamais paru si incisif dans ses relations avec d'anciens partenaires, dont Apple et Adobe. Même son intention de se défaire de l'encodage vidéo h.264 dans les prochaines version de son fureteur Chrome en mènent plusieurs à redouter soudainement une entreprise qui, il n'y a pas si longtemps, était un fer de lance de l'open source et du mouvement des applications libres.

Les médias sociaux

Facebook est certainement la plus grosse énigme pour Google en ce moment, mais elle n'est pas seule. La recherche sociale est un pan entier de la recherche en ligne sur laquelle Google n'a pas encore réellement d'assise solide. Pendant ce temps, une foule de petites entreprises commencent à placer leurs billes de ce côté.

Des plus grandes aussi: Microsoft et son service Bing se sont rapidement positionnés dans la recherche sur les réseaux sociaux, à travers une entente avec Facebook, notamment.

Le commerce en ligne

L'annonce selon laquelle Google se lancera à l'assaut de Groupon tombe sous le sens: pourquoi débourser 6 milliards pour un site d'achats groupés, une somme excessive aux yeux d'une majorité d'analystes, alors qu'il serait si simple pour Google de créer son propre service, et d'en faire la promotion via son moteur de recherche?

Google Offers se met tranquillement en place. On verra bientôt si la stratégie de Google sera identique à celle de Groupon, qui a grossi rapidement en rachetant des services rivaux partout dans le monde, ou si Google tentera de pousser sa propre solution dans différents marchés.