Groupes de technologies et agences de publicité japonais invitent lecteurs et téléspectateurs à photographier des photos dans la presse ou des images à la télé, avec un téléphone portable, afin d'y faire surgir en retour des vidéos, un moyen ludique de relier les médias entre eux.

NTT Comware, une filiale du géant des télécommunications japonais NTT, expérimente actuellement ce système avec le bar à musique Blue Note de Tokyo.

Les lecteurs sont conviés à photographier les photos des artistes présentés dans la brochure gratuite de ce lieu d'amateurs de jazz. Le cliché pris est envoyé à un serveur qui expédie en retour sur l'écran du téléphone un extrait vidéo musical.

Une ville de l'île septentrionale du Japon, Hokkaido, utilise le même dispositif pour rendre plus attractifs ses prospectus touristiques.

«Avec cette technologie basée sur la reconnaissance d'images et les capacités croissantes des téléphones et réseaux cellulaires, nous visons d'abord les annonceurs dans la presse», a expliqué à l'AFP un ingénieur de NTT Comware, Yuji Hyodo.

Et d'ajouter: «il s'agit de créer une passerelle plus conviviale entre le papier et internet».

Ce principe, dit de «réalité augmentée», consiste à utiliser la caméra du téléphone portable et un logiciel dédié pour reconnaître une image précise à laquelle est au préalable associée une vidéo stockée sur un serveur. Sur l'écran du téléphone, l'image fixe photographiée reconnue est alors remplacée par le clip correspondant.

Une entreprise de dispositifs parasismiques a opté pour cette technique afin de rendre plus compréhensibles ses pages de publicité dans la presse.

«Il ne nous est pas facile de bien expliquer aux lecteurs nos systèmes complexes, mais avec ce principe de réalité augmentée qui permet de montrer des vidéos, nous pensons que cela est plus aisé à saisir», souligne la firme Iida Sangyo.

Sa publicité à réalité augmentée exige pour le moment l'emploi d'un téléphone fonctionnant sous le système d'exploitation Android du géant américain de l'internet Google, «mais il est techniquement possible de l'adapter à d'autres types d'appareils», selon M. Nishio de NTT Comware.

Quelques problèmes toutefois demeurent, dont le temps nécessaire avant la réception de la vidéo, laps qui dépend grandement de la qualité du réseau de l'opérateur mobile. Les conditions de prise de vue (luminosité, cadrage) peuvent aussi altérer la photo qui ne sera dès lors pas reconnue.

Il faut enfin que les lecteurs comprennent qu'ils sont invités à photographier une photo, ce qui ne va pas encore de soi, même si les Nippons ont déjà le réflexe d'utiliser leur téléphone pour cadrer des codes à barres (dits QR Code) qui comportent un lien internet et accompagnent déjà nombre de publicités dans la presse ou sur des affiches.

Outre NTT Comware et divers autres prestataires techniques, l'agence de publicité Dentsu s'intéresse aussi de près au potentiel de la réalité augmentée pour tisser des liens interactifs multimédias.

A partir du mois de mars, les téléspectateurs de la série animée «Star Driver» sur la chaîne TBS seront incités à viser avec la caméra de leur iPhone d'Apple un signe particulier dans l'image télévisée, ce qui générera l'apparition d'un personnage sur l'écran de leur mobile ainsi que l'accès à divers contenus ludiques en ligne.

Le groupe de télécommunications KDDI a également développé une technologie similaire.

Objectif: que le petit écran accaparant du téléphone portable devienne complémentaire et non concurrent des traditionnels médias de masse.

Le principe est adaptable aux journaux: leurs lecteurs pourraient par exemple accéder simplement à des vidéos ou se faire lire des articles en photographiant une page imprimée avec leur téléphone portable, note M. Nishio.