Certains craignent que l'Exposition universelle de Shanghai ne soit victime de son gigantisme avec des files d'attente interminables, un cauchemar auquel échapperont ceux qui auront opté pour la version virtuelle, la toute première de l'Histoire.

«Pour la première fois dans l'Histoire, nous avons une exposition virtuelle que tout le monde va pouvoir visiter», explique à l'AFP Pascal Deseure, responsable des clients internationaux pour l'entreprise chinoise Crystal CG, qui a développé la plateforme principale du site de l'«Expo» et l'intérieur de plusieurs pavillons dont celui des États-Unis.

La municipalité de Shanghai craint déjà un engorgement à l'entrée de son Exposition universelle, où sont attendus jusqu'à un million de visiteurs par jour pendant les périodes de pointe et à l'entrée des pavillons les plus populaires comme celui de la Chine, où un système de réservation a même été mis en place pour limiter le flux.

«Ceux qui n'ont pas le temps ou ceux qui n'ont pas les moyens pourront eux aussi visiter l'Expo», souligne Pascal Deseure.

Au 1er mai, le site (https://en.expo.cn) permettra aux internautes de découvrir la plupart des bâtiments avec des instructions dispensées en chinois, anglais, français ou japonais.

Ils pourront se promener dans l'«Expo», rentrer dans les pavillons ou encore créer leur avatar qui se promènera dans le site, chatter en ligne, et jouer à bâtir une ville du futur.

«C'est un formidable outil de communication, mais aussi de promotion», assure Martina Honcikova, responsable des événements du pavillon de la République tchèque, qui espère aussi que le site puisse attirer des visiteurs dans son bâtiment physique.

Tous les pays participant étaient invités à se joindre à l'opération. Mais certains n'ayant pas les moyens de participer au rendez-vous en ligne ont été aidés par les organisateurs pour proposer l'intérieur de leur pavillon en 3D à peu de frais.

Le Pavillon France sera un des seuls à proposer une expérience de 3D réellement interactive avec une visite complète du pavillon mise au point par Dassault Systems, dont la technologie recommandée par les organisateurs de l'Expo a été utilisée par de nombreux pavillons.

«Au 1er mai, il sera notamment possible d'entrer dans les tableaux du Musée d'Orsay, exposés dans le Pavillon France», précise Christian Nardin, président de Dassault Systems pour l'Asie, au sujet des toiles de Millet, Manet, Van Gogh ou Cézanne.

Le budget du projet virtuel français, qui permettra aussi aux internautes d'assister à des projections vidéo comme s'ils y étaient, est estimé à 500 000 euros (environ 666 000 dollars CAN).

Le site de l'«Expo online» a beau être virtuel, il se heurte aux mêmes contraintes que le site physique.

Les retards pris dans la construction des pavillons se sont répercutés sur l'élaboration des intérieurs en 3D, conçus à partir des visuels fournis par les pays. Mais, au 1er mai, pour l'inauguration officielle, 90% des pavillons devraient être prêts en ligne.

Au pays de la «Grande Muraille virtuelle» -- mise en place par le régime pour tenter de contrôler l'Internet -- , le lancement d'un site pose aussi des problèmes de contenu.

Au départ, quatre à cinq mises à jour étaient prévues par les organisateurs pour les sites des pavillons, sur les six mois d'exposition, selon une source proche du bureau de l'Exposition.

Mais ces mêmes organisateurs ont réclamé «jusqu'à deux mois» de délai avant de valider le contenu des mises à jour pour des raisons de «sécurité».

Les programmes télévisés insérés dans le site, dont certains étaient prévus en direct, seront enregistrés.

Malgré ces limites, cette première édition totalement virtuelle de l'Exposition universelle donne une nouvelle perspective à ce type d'événement.

«Cela pose la question de savoir si les prochaines expositions devront avoir une existence physique ou uniquement virtuelle», estime Christian Nardin, de Dassault Systems.