Pour les uns, c'est une révolution. Pour les autres, ce n'est rien de plus qu'un gros iPhone. Quoi qu'il en soit, samedi, dans les premières 24 heures suivant son lancement américain, pas moins de 300 000 iPad ont été vendus, selon un communiqué diffusé par Apple en matinée hier.

C'est un peu plus que les prévisions du courtier américain Sanford Bernestein, qui s'attendait à ce qu'il faille deux jours à Apple pour vendre 300 000 à 400 000 de ces fameuses tablettes tactiles électroniques. C'est cependant moins que ce qu'avaient prédit le Crédit suisse ou la maison de courtage Piper Jaffray, qui prévoyaient des ventes pouvant aller jusqu'à 700 000 unités.Apple, elle, espère vendre entre 4 et 7 millions d'iPad cette année. C'est sans compter sur les revenus qu'elle tirera au surplus des téléchargements additionnels de ses applications. Les nouveaux propriétaires d'iPad, au cours de la fin de semaine, en auraient déjà téléchargé plus d'un million.

S'il y a bien eu file devant quelques-uns des magasins qui offraient l'iPad aux États-Unis au cours de la fin de semaine - à noter qu'il faudra attendre à la fin avril pour s'en procurer un au Canada -, l'engouement était tout de même moindre que lors du lancement de l'iPhone en 2007, relevait l'Agence France-Presse. À cette occasion, certains mordus avaient fait la queue jusqu'à cinq jours pour en acheter un.

Il faut dire que le tout en un iPad, qui peut aussi bien servir d'ardoise électronique que de mini ordinateur portable, de téléphone intelligent, de console de jeu ou d'écran télé ou cinéma, se vend de 499$ à 829$. L'iPhone, lui, peut coûter moins de 200$.

«L'iPad est à l'ordinateur portable ce que l'iPod a été au walkman, illustre le spécialiste en marketing Luc Dupont, professeur au département de communication de l'Université d'Ottawa. Avec le walkman, tu l'avais, ta musique, mais les cassettes, ce n'était pas très pratique. De la même manière, le jour n'est pas loin où l'on trouvera peut-être notre ordinateur portable très peu sexy!»

«Dans l'autobus, pas sûr que les gens ont envie de regarder la télévision sur leur ordinateur portable, poursuit-il. Sur l'iPad, pourquoi pas?»

D'autant plus, comme le fait observer M. Dupont, que les prochaines générations du produit seront sûrement plus légères. «Qui sait? Peut-être pourra-t-on même la plier, cette tablette!»

Une petite révolution

Pour M. Dupont, l'iPad n'est rien de moins qu'une petite révolution, et peut-être aussi le salut des journaux dont les versions en papier s'essoufflent.

C'est aussi, à son avis, l'illustration du génie d'Apple en matière de marketing.

De fait, l'iPad, plutôt que d'être simplement un nouveau gadget électronique, est devenu un événement suivi par maintes dépêches de presse.

Signe de son aura mythique, la fameuse tablette a déjà ses détracteurs. Des groupes «Je déteste l'iPad» ont déjà été créés dans le site Facebook. Dans le site YouTube, une vidéo montrant un groupe d'adolescents détruisant un iPad à coups de bâtons de baseball a fait fureur.

Le titre d'Apple n'en a certes pas souffert. À la Bourse de New York, il a gagné 1,07%, ce qui a permis à l'entreprise d'atteindre un cours record de 238,49$.

Le distributeur de produits électroniques Best Buy, qui distribue l'iPad, a pris 1,88%, atteignant 43,37$.