Le Prix Nobel de la paix iranien, Shirin Ebadi, a accusé mardi les sociétés allemande Siemens et finlandaise Nokia d'avoir livré à l'Iran des logiciels qui ont aidé Téhéran, selon elle, «dans la répression et la censure» de l'opposition.

«Malheureusement, il y a un certain nombre d'entreprises qui soutiennent le gouvernement iranien dans la répression et la censure : c'est très clairement ce qu'ont fait Siemens et Nokia quand ils ont livré à l'État iranien des logiciels permettant de mettre sur écoutes les conversations par téléphone portable, les échanges de SMS», a accusé la défenseuse des droits de l'Homme sur les ondes de la radio France Culture.

«Lorsqu'il s'agit de signer des contrats commerciaux, les droits de l'Homme sont quelque peu négligés», a dénoncé Mme Ebadi. Elle a mis en cause l'Allemagne, premier partenaire commercial européen de l'Iran. Ce pays soutient cependant l'approche de la France et des États-Unis concernant la préparation de nouvelles sanctions visant à faire céder l'Iran sur son programme nucléaire.

La chancelière Angela Merkel «a été très virulente dans ses attaques contre le régime iranien récemment; et pourtant, en 2009, l'Allemagne a augmenté considérablement le nombre des contrats signés avec l'État iranien. C'est un double jeu que nous avons du mal à comprendre», a dit Shirin Ebadi.

Dimanche, elle avait déjà reproché aux Occidentaux de «ne pas conformer» leurs paroles à leurs actes en matière de sanctions. Elle avait mentionné une prochaine visite en Allemagne d'un responsable iranien «pour signer encore de nouveaux contrats».

Début mars, Nokia Siemens Networks (NSN), filiale des deux entreprises allemande et finlandaise, s'était défendu des accusations apparues dans la presse, assurant que le système vendu en 2008 à l'Iran était incapable de surveiller l'internet sur les téléphones portables.

NSN a de nouveau réagi à sa mise en cause par Mme Ebadi. «En tant que société, nous n'approuvons en aucune façon le détournement des équipements de télécommunications. Nous croyons que les technologies de la communication et du téléphone portable jouent un rôle significatif dans le développement des sociétés et dans le progrès de la démocratie», a dit sa porte-parole, Riitta Maard, à l'AFP à Helsinki.