Quatre ans avant le lancement en grande pompe par Apple de sa tablette informatique iPad, présentée comme «révolutionnaire», son rival Microsoft avait déjà sorti une gamme de produits similaires, les Ultra mobile PC (UMPC), qui n'ont jamais rencontré le succès escompté.

En 2006, Microsoft avait lui aussi fait jouer le buzz pendant plusieurs semaines, sur internet, autour de son mystérieux projet «Origami».

Au final, le 9 mars, il avait dévoilé au salon CeBIT de Hanovre (Allemagne) un nouveau type de mini-ordinateur portable multimédia, l'UMPC, à mi-chemin entre téléphone mobile et ordinateur portable, version améliorée des Tablet PC alors présents sur le marché depuis quelques années.

Microsoft se voulait très ambitieux, déclarant que l'UMPC devait être «l'ordinateur portable le plus pratique et potentiellement celui que tout le monde devrait avoir sur soi».

Depuis, le terme recouvre une gamme de tablettes à écran tactile, fabriquées notamment par Samsung et Asus, permettant d'accéder à internet en WiFi ou en 3G, de lire des MP3 et des vidéos et d'utiliser les applications Windows.

Actuellement, sont commercialisés «une dizaine de produits», notamment par Panasonic et Fujitsu, qui doivent, pour avoir le label UMPC, «remplir un cahier des charges» défini par Microsoft, explique Arnaud Lambert, responsable de produit Windows chez Microsoft France.

Mais le succès n'est pas au rendez-vous: selon l'institut IDC, les tablettes informatiques ne représentaient au troisième trimestre 2009 que 0,5% des ventes d'ordinateurs portables en France. En 2008, un peu plus de 40 000 exemplaires seulement ont été achetés dans l'Hexagone. Dans le monde, ces dernières années leur part de marché avoisinait les 1%.

Ce désamour «est beaucoup dû à l'écart de prix, car c'est un produit qui reste cher», souligne Stéphane Krawczyk, analyste chez IDC.

«Fin septembre 2009, le prix moyen des PC portables, tiré à la baisse par les netbooks (mini-PC, ndlr), était de 740 dollars, alors que le prix moyen des tablettes était de 1800 dollars», explique-t-il.

Par ailleurs, l'autonomie des batteries laissait à désirer, surtout au début: le premier modèle, commercialisé par Samsung, ne tenait que 3 heures et demie, encore moins si l'on regardait des vidéos.

Apple promet de son côté une autonomie de 10 heures, pour un prix de 499 à 829 dollars selon les versions.

Depuis, Samsung a arrêté ce créneau, également délaissé par Intel, pourtant partenaire principal de Microsoft au départ.

«On s'est aperçu que l'attrait du produit en lui-même était assez mitigé», note Stanislas Oudinot, porte-parole d'Intel France, qui ajoute: «aujourd'hui le format tablette n'a pas encore trouvé son public, peut-être parce qu'il est trop grand pour tenir dans une poche».

Pour Microsoft, si le grand public a préféré se ruer sur les mini-PC, «dans le monde de l'entreprise, (l'UMPC) a rencontré un vrai succès, notamment dans le milieu hospitalier et le BTP», raconte M. Lambert, qui cite l'hôpital d'Arras (Pas-de-Calais) comme utilisateur de ces tablettes, pour «consulter les dossiers des patients».

Les UMPC sont aussi utilisés «pour les relevés de compteurs et les prises de commandes», note M. Krawczyk.

Côté grand public, les industriels comme Intel misent sur les MID (mobile internet devices), des tablettes plus petites tournées vers les usages multimédias: sur ce créneau, visé par l'iPad d'Apple, Archos, HP ou encore Dell ont récemment lancé des produits, et l'institut Gartner table sur 113 millions d'unités vendues dans le monde dès 2010.