Sony expose au salon de l'électronique grand public (CES) de Las Vegas un ordinateur portable ultra-écologique, avec 20% de matériaux recyclés, dans un emballage tiré de la récupération et vendu sans notice pour économiser le papier.

Les fabricants d'électronique réunis cette semaine lors du plus grand salon mondial de leur secteur ne manquent pas une occasion d'afficher leur respect de l'environnement, mais ils n'arrivent pas toujours à convaincre les spécialistes.

Paradoxe, c'est à Las Vegas, l'une des villes les plus artificielles du monde, bâtie en plein désert, que l'écologie fait étalage chez ces fabricants d'appareils qui dévorent l'électricité.

Matériaux recyclés, batteries solaires, programme de rappel des appareils usagés, processus de production assainis: pratiquement toutes les grandes entreprises vantent leurs initiatives en faveur de l'environnement.

Sony a présenté le remarqué Sony Vaio W, un ordinateur portable dont le châssis est fait à 20% de CD et DVD recyclés. Son emballage réutilisable est fait de bouteilles de plastique recyclées. «Il est tellement vert qu'il n'a pas de notice imprimée», afin d'économiser le papier.

Le coréen Samsung a quant à lui conçu un téléphone à énergie solaire, qui pourrait être bien accueilli par des utilisateurs exaspérés par la nécessité de recharger leur appareil après quelques heures.

L'électro-ménager LG (réfrigérateurs, machines à laver) revendique des consommations réduites. Ses téléviseurs sont présentés comme dotés d'une technique d'éclairage permettant de consommer 64% d'électricité de moins.

La concurrence est rude parmi les fabricants de téléviseurs, de plus en plus nombreux à proposer des écrans à diodes électro-luminescentes (LED), plus économes en électricité: Sharp en a présenté, tout comme Samsung, LG et Vizio. Les LED sont prisés non seulement pour leur consommation relativement réduite, mais aussi pour leur faible encombrement qui permet de fabriquer des appareils toujours plus fins.

Plusieurs fabricants ont vanté leur mode de production, de Sharp qui vient d'inaugurer une usine fonctionnant avec des panneaux solaires, à Toshiba, qui revendique une «stratégie verte».

Pour Greenpeace, ces intentions affichées sont de bon augure, mais elles ne valent pas forcément reconnaissance. Ainsi les initiatives de Sharp ne l'empêchent pas de figurer au bas d'un classement trimestriel établi par l'organisation écologiste afin de pousser les géants du secteur à se surpasser.

«On les entend beaucoup parler du caractère vert de leurs activités, mais on n'entend pas beaucoup parler de ce qui est vert et de ce qui ne l'est pas», a souligné un responsable de Greenpeace, Casey Harrell.

Ce dernier a pointé du doigt quelques mauvais élèves qui refusent obstinément de se joindre à la mode écologique, à commencer par le fabricant de consoles de jeu Nintendo, qui n'a pas voulu répondre aux questionnaires de Greenpeace, et Microsoft, avant-dernier au classement.

Et puis il y a ceux auxquels il faut rappeler à leurs bons réflexes, comme Dell (ordinateurs) qui avait lancé une «course au sommet» de l'écologiquement correct en s'engageant à totalement cesser d'utiliser certaines matières ignifugées dangereuses d'ici à 2009, avant de reculer l'échéance de deux ans.

Pour les consommateurs et les visiteurs, le label écologique peut représenter un argument de vente, mais Greenpeace a rappelé qu'en fin de compte l'enjeu concerne au premier chef les populations où finissent par échouer les vieux appareils que plus personne n'utilise plus, qui peuvent dégager de graves émanations toxiques en se dégradant.

C'est pourquoi une grande attention est portée aux programmes de recyclage des appareils usagés, qui valent une excellente note à Apple dans le classement Greenpeace: le fabricant à la pomme croquée organise des programmes destinés aux appareils non utilisés dans les pays où il réalise 95% de ses ventes.