Pour contrôler son ordinateur, Martin Breton n'utilise ni ses mains ni ses doigts. Le système qu'il a mis au point lui permet de contrôler la souris avec sa seule respiration.

Martin Breton se décrit comme un patenteux, mais d'un niveau assez relevé quand même. Dans son atelier se trouvent deux hélicoptères à télécommandes qu'il s'est achetés, en grande partie pour avoir le malin plaisir de les disséquer. Et dans sa remise, un vélo sur lequel il pédale avec les... mains.

Ce touche-à-tout a été potier dans une ancienne vie, avant de se tourner vers l'électronique. Dans ses temps libres, il s'amuse donc à traficoter cartes électroniques, puces, capteurs et télécommandes pour permettre à des personnes qui n'ont pas l'usage de leurs membres de contrôler des appareils qui font partie de la vie quotidienne.

Il ne le fait surtout pas dans le but de s'enrichir. «Je ne prends pas de brevets, ça coûterait trop cher, ça prendrait trop de temps et l'idéal pour moi est avant tout de permettre à plus de gens de se servir de mes outils.»

La première fois qu'il a eu l'idée de créer une télécommande «buccale», plutôt que manuelle, c'était pour venir en aide à une voisine qui n'avait plus l'usage de ses bras. Pour lui permettre de regarder la télévision, il a conçu un appareil qui enregistre des signaux infrarouges de la télécommande du téléviseur. L'appareil peut enregistrer jusqu'à huit signaux, par exemple allumer et éteindre, changer de poste, contrôler le volume, etc.

Chaque commande est associée à un type de souffle : inspiration, expiration, souffle bref ou soutenu. L'utilisateur n'a qu'à placer le tube de contrôle dans sa bouche pour procéder aux commandes avec sa respiration.

«Quand j'ai remis ça à ma voisine, elle était tellement con-tente, ça se voyait. Elle n'avait plus à dépendre des autres pour écouter ses programmes de télévision. Tout ce qui se contrôle avec un signal à infrarouge, on peut le commander par le souffle de la même manière», dit-il.

Le système est simple. Le tube est relié à un capteur dans une boîte. Le capteur enregistre les changements de pression, l'intensité (forte ou faible) et la durée (brève ou soutenue). Ces informations servent ensuite à déclencher des signaux, des actions qui sont relayées à l'appareil-cible.

Un système pour l'ordi

Après ce premier essai réussi, il a pensé à contrôler un ordinateur, mais c'était plus vite dit que fait. «Au départ, j'ai tenté de faire un système mécanique, mais c'était trop compliqué. Alors j'ai plutôt opté pour la souris.»

En partant du même principe, il a mis au point un système différent, qui comprend deux tubes. Un tube sert au déplacement du curseur et l'autre sert à simuler les boutons de la souris. Selon qu'il utilise un ou l'autre, qu'il inspire ou expire, la souris se déplace horizontalement ou verticalement, ou encore l'appareil envoie à l'ordinateur le signal d'un clic, un double-clic ou un bouton de souris enfoncé permettant de délimiter et de copier des parties de textes, par exemple.

«Avec ce système, une personne qui n'a pas l'usage de ses membres peut fureter sur Internet, lire, écrire, envoyer des courriels et même téléphoner à partir d'un téléphone-logiciel (IP). Ça permet à un handicapé de s'ouvrir sur le monde, de garder contact avec ses amis.»

L'appareil permet aussi de contrôler tout ce qui peut être relié à un ordinateur, comme les systèmes de domotique de la maison, par exemple.

Son dernier-né, qu'il a baptisé SouffleRis, est complété depuis six mois. Martin Breton a d'ailleurs laissé un exemplaire de chacun de ses deux systèmes à l'Institut de réadaptation en déficience physique de Québec.

Un des grands attraits de sa technologie est la simplicité. «Tout est fait à partir de composantes qu'on trouve sur le marché. Mon système ne coûte que 350 $, alors que j'ai vu des appareils comparables sur Internet pour 3000 $...»