Il y a quelques années, on avait bien ri de ces logiciels capables de rédiger un «article» en apparence scientifique, mais qui ne veut rien dire. Voilà qu'on leur a découvert une utilité : prendre à leur propre jeu ceux qui envoient à des scientifiques ou des étudiants de multiples invitations à publier dans de multiples congrès ou revues à l'utilité douteuse.

C'est ainsi qu'en 2005 les organisateurs de la World Multi-Conference on Systematics, Cybernetics and Informatics, avaient été bien embarrassés d'apprendre - avant le congrès - qu'un article qu'ils avaient approuvé était un canular généré par le logiciel SCIgen. Un charabia incompréhensible, mais qui, pour le profane, a tout à fait les allures d'un véritable article scientifique. Tout ce que les « auteurs » avaient eu à faire pour être « approuvés » avait été d'envoyer le chèque de 390 $ requis pour soumettre un article.

Les organisateurs avaient renvoyé le chèque lorsque le canular avait été dévoilé ce qui n'avait pas empêché Jeremy Stribling, Max Krohn et Dan Aguayo - créateurs de SCIgen - de venir au congrès et de présenter, dans une chambre de l'hôtel... trois conférences générées par ordinateur.

L'initiative s'est étendue à la langue russe le 15 août 2008 lorsque le Journal of Scientific Publications of Aspirants and Doctorants (en russe) a accepté un article «écrit» par SCIgen. L'auteur du canular, le bioinformaticien Mikhail Gelfand, de l'Université d'État de Moscou, voulait protester contre l'existence même du Journal : celui-ci est apparu comme par magie après qu'une nouvelle directive eut imposé aux candidats russes au doctorat l'obligation de publier dans un journal scientifique « accrédité » par les autorités.

Le Journal aurait perdu son accréditation deux semaines plus tard.

Enfin, plus tôt cette année, Philip Davis, de l'Université Cornell, dans l'État de New York, a soumis un article généré par SCIgen au Open Information Science Journal. Moyennant la modique somme de 800 $, l'article a été accepté. Davis avait associé les signataires à un centre de recherches fictif, le Center for Research in Applied Phrenology, ou CRAP. En anglais, crap signifie connerie.