«C'est incroyable, c'est un vrai voyage dans le temps»: Dave et Hilary, deux touristes américains en visite au Château de Vincennes, sont ébahis par la reconstitution du cabinet de travail du roi Charles V proposée dans le cadre de Futur en Seine, première fête du numérique en Ile-de-France.

Reposant sur le principe de «réalité augmentée», une technologie appliquant à un décor réel des objets virtuels en trois dimensions, cette animation nécessite un moniteur sur lequel apparaît la pièce telle qu'elle était il y a plus de 600 ans, du sol au plafond, avec un respect de toutes ses proportions. «Nous n'avions jamais vu cela auparavant. Cette technologique mériterait d'être adaptée à d'autres châteaux ou à des églises», renchérissent en choeur Dave et Hilary, qui ne souhaitent pas divulguer leurs noms.

Les visiteurs «sont au départ étonnés puis ils sortent de la pièce très satisfaits», confirme Dominique Blargis, guide au Château de Vincennes.

Ce concept «ne saurait se suffire à lui-même», prévient-il toutefois, estimant qu'il «aide à visualiser des éléments historiques aujourd'hui disparus mais ne remplacera jamais un guide et ses explications».

Le Château de Vincennes est l'un des quelque quarante lieux sélectionnés pour accueillir des animations de Futur en Seine, organisé sous l'égide du pôle de compétitivité des contenus numériques Cap Digital et qui se tient jusqu'à dimanche.

Cette fête s'appuie notamment sur une structure temporaire dressée place de la Bastille à Paris, qui sert d'espace de présentation à divers prototypes tels qu'une montre écologique mesurant le taux de pollution de l'air et le bruit ou encore «Metacarte», un logiciel de cartographie participatif sur l'internet.

Grâce à cette application, l'utilisateur peut associer une photo, une vidéo, un son ou du texte à un lieu pour donner envie à d'autres personnes de s'y rendre.

«Il s'agit d'une promenade interactive durant laquelle on porte un regard sur sa ville», explique Alexandre Berthier, artiste visuel chargé de sa présentation.

Pour l'occasion, les visiteurs peuvent emprunter un téléphone portable en laissant leur carte d'identité avant de revenir se faire aider pour créer leur carte personnalisée.

«Il y a une floraison d'oeuvres d'art éphémères à Paris qui disparaissent au bout de quelques jours. J'ai créé un blog mais il m'est difficile de toutes les répertorier. Ce logiciel peut me permettre d'être aidé par d'autres personnes, dans une démarche collective», estime Jean-Yves Lemoal, venu sur le stand avec son appareil photo.

D'autres concepts se révèlent plus abstraits: au sous-sol de la Maison des Métallos dans le XIe arrondissement de Paris, l'animation «Bardo Noise» place le spectateur au centre d'écrans affichant de la neige télévisuelle, tandis que des haut-parleurs diffusent un fond sonore assourdissant.

«Nous avons essayé de faire une oeuvre qui ne donne pas à voir mais à comprendre quelque chose, en stimulant les sens. C'est pour ça que j'aime dire qu'elle est visible et invisible», décrit Joachim Montessuis, un des deux concepteurs de l'installation avec Horia Cosmin Samoïla.