Toujours rêvé de jouer au garde-frontière? Un nouveau programme de la Coalition des shérifs de la frontière du Texas permet à quiconque possédant une connexion internet haute vitesse de surveiller la frontière entre le Texas et le Mexique. Uniforme en sus.

La frontière entre le Mexique et le Texas n'a sans doute jamais été autant scrutée. Depuis novembre dernier, plus de 100 000 personnes se sont inscrites pour surveiller virtuellement et bénévolement une partie des 2500 km qui séparent les deux États.

 

Provenant des quatre coins du monde, ces douaniers du XXIe siècle comptent dans leurs rangs aussi bien des mères au foyer, des policiers à la retraite que des buveurs dans des pubs australiens. N'importe qui peut s'inscrire pourvu de posséder du temps libre et une connexion internet haute vitesse permettant d'observer en temps réel les images retransmises par un réseau de caméras.

Selon le responsable du programme pour la Coalition des shérifs de la frontière du Texas, Don Reay, cette armée de gardes-frontières virtuels a permis «cinq saisies de drogue totalisant plus de 1100 kg de marijuana» et d'empêcher une quarantaine de trafiquants potentiels de traverser la frontière en cinq mois.

La tâche des Virtual Texas Deputies est relativement simple: armés de patience, ils doivent scruter les images fixes retransmises par un réseau de caméras. Si une embarcation se met à traverser le Rio Grande ou si des silhouettes se faufilent entre les buissons, ils n'ont qu'à appuyer sur le bouton rouge Report Suspicious Activities de leur écran. Cela envoie immédiatement un courriel aux responsables du site qui font ensuite suivre le message au poste de police le plus près.

En cinq mois, les employés de la compagnie privée BlueServo qui gère le site web ont reçu 30 000 messages rapportant des activités suspicieuses. «Aucun message n'est considéré comme une fausse alerte parce que nous ne savons pas ce que les gens ont vu», précise Don Reay.

Financé par une subvention de 2 millions US du gouverneur républicain de l'État, Rick Perry, ce réseau ne compte pour l'instant que 15 caméras. À l'avenir, la Coalition des shérifs souhaiterait installer au moins 200 caméras le long de la frontière.

Ancien garde-frontière lui-même et ayant travaillé dans la lutte contre le trafic de drogues, Don Reay est convaincu de l'efficacité du programme. «Nous avons plus de 100 000 personnes qui se sont enregistrées. C'est un nombre significatif d'yeux supplémentaires qui sont ajoutés pour regarder la frontière», soutient le Texan.

Évidemment, tout le monde ne partage pas son enthousiasme. Le sénateur Eliot Shapleigh, d'El Paso, croit que «le programme de caméras a été conçu plus pour des raisons politiques que de sûreté.» Ce sénateur démocrate dénonce notamment que des citoyens ordinaires soient invités à surveiller la frontière. Ce programme «fait appel à des volontaires pour faire des chasses à l'immigrant virtuelles», critique-t-il.

S'il ne s'oppose pas à l'emploi de caméras pour soutenir les efforts des autorités responsables de la sécurité frontalière, il considère que ce projet est trop onéreux et pas suffisamment efficace. Le programme «n'a mené qu'à une poignée d'arrestations au cours de ses premiers six mois d'existence», déplore-t-il.

Le responsable du projet, Don Reay, devrait quant à lui savoir d'ici le mois de juin si le programme sera poursuivi, voire étendu.