Des pirates informatiques ont réussi à s'introduire dans le plus coûteux programme d'armement du Pentagone à ce jour, le projet d'avions de chasse F-35, affirme mardi le Wall Street Journal.

Citant des responsables actuels et passés du gouvernement américain, le quotidien explique que des pirates informatiques ont réussi à copier des données concernant ce programme de 300 milliards de dollars également baptisé Joint Strike Fighter (JSF), ce qui pourrait le rendre plus vulnérable.Des intrusions semblables ont été enregistrées ces derniers mois dans le système de contrôle aérien de l'armée de l'air américaine, selon les mêmes sources.

Interrogé mardi sur le fait de savoir si les fuites concernaient les technologies les plus sensibles du JSF, un porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, a assuré «ne pas être au courant d'inquiétudes particulières».

«Le nombre de tentatives d'intrusions a plus que doublé récemment», a-t-il admis, tout en refusant de confirmer spécifiquement l'incident rapporté par le WSJ.

Il a rappelé que le Pentagone comptait augmenter ses capacités en matière de cyber-sécurité. Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates recommande de former 250 cyber-experts par an au lieu de 80 actuellement.

Début février, la Maison Blanche a commandé un rapport sur la cyber-sécurité, dont les conclusions devraient être publiées prochainement.

Cette dernière intrusion montre une escalade depuis six mois dans les actions des pirates pour obtenir un accès à des données vitales pour la sécurité des Etats-Unis, à moins qu'une plus grande vigilance n'ait conduit à les découvrir, selon un ancien responsable cité par le quotidien.

Ce dernier, qui s'exprimait sous couvert d'anonymat, a estimé qu'«il n'y avait jamais rien eu de ce genre» avant cela et que d'autres branches de l'armée ainsi que des sociétés privées sous contrat avaient aussi été touchées.

On ignorait dans un premier temps la source et la gravité de cette intrusion. Les données les plus sensibles concernant le programme du F-35 sont censées être stockées dans des ordinateurs non reliés à internet.

Mais un ancien responsable cité par le WSJ, sous le couvert de l'anonymat, a montré du doigt la Chine.

Un récent rapport du Pentagone souligne que la guerre cybernétique fait partie des priorités de Pékin, et que de nombreuses intrusions dans le réseau d'ordinateurs du gouvernement américain et d'autres pays dans le monde «semblent être venues» de Chine.

Le principal maître d'oeuvre du programme JSF est la société américaine Lockheed Martin. Le Pentagone compte en acquérir 2.443 exemplaires au total.

Outre les Etats-Unis, huit autres pays participent à son financement: l'Australie, le Canada, le Danemark, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Norvège, les Pays-Bas et la Turquie.

«Le F-35 a une multitude de fournisseurs qui doivent être interconnectés. Mais à chaque fois que l'on partage de l'information, on prend le risque de la partager avec quelqu'un d'indésirable», a commenté mardi le général Robert Elder, du commandement stratégique américain, lors d'une rencontre avec des journalistes.