Brune, coupe au carré bien nette, Ucroa est japonaise, elle mesure 1,58 mètre, pèse 43 kilogrammes, et ses parents la surnomment la «cybernétique humaine»: et pour cause, il s'agit du dernier robot humanoïde présenté lundi par des chercheurs nippons.

Une équipe de roboticiens de l'Institut des technologies industrielles avancées (AIST) a investi 200 millions de yens (1,6 million d'euros) et passé trois ans à concevoir cette créature à visage humain, qui fera ses premiers pas prochainement sur les podiums des défilés de mode.Pour dessiner ce prototype Ucroa -- son nom technique -- ils ont étudié la morphologie de la gent féminine japonaise de 19 à 29 ans, recensée dans une base de données de recherches.

«Notre projet était de concevoir un être qui ait une apparence proche de l'humain, remue de la même façon et puisse interagir avec lui», explique le directeur de ce programme, Shuji Kajida.

Cette cyberdame est cependant vêtue d'une combinaison métallique pour «signifier qu'elle est d'un autre type et éviter un sentiment de malaise que susciterait une trop grande ressemblance avec une femme», a confié le chercheur.

L'idée de lui donner le look d'une lycéenne nippone en mini-jupe plissée et grandes chaussettes a vite été abandonnée. «Cela faisait mauvaise impression», convient M. Kajida.

Cette jeune dame mécatronique, qui devrait quand même se tailler un franc succès chez les fanatiques de la culture populaire japonaise, est régie par des microprocesseurs, mue par des micromoteurs et obéit (plus ou moins) à des ordres vocaux.

Également baptisée HRP-4C, elle n'a pas été développée ex nihilo. Elle est la première représentante de la quatrième génération de plates-formes humanoïdes de recherche conçues par le même institut public japonais, lequel a ouvert récemment un laboratoire commun dans ce domaine avec le Centre National de la Recherche Scientifique français (CNRS).

Toutefois, par rapport à ses prédécesseurs, mâles trapus aux allures de Goldorak antipathiques, la demoiselle a un joli minois, n'a pas une carrure de boxeur, sa poitrine est plus proéminente, elle est plus mince et marche plus élégamment.

«Nous avons analysé la déambulation d'un mannequin pour créer les différentes postures», détaille M. Kujida.

Elle parle la même langue que les Japonais, sait se présenter et accepte de répondre à quelques questions (quel est ton nom? combien pèses-tu?), même posées avec un petit accent français.

Au total, le corps de cette personne artificielle compte 30 articulations, ses mains quatre en tout et son visage huit (paupières, mâchoires inférieure et supérieure, yeux, etc.)

Les chercheurs de l'AIST, qui comptent en faire un top-model reine des défilés de prêt-à-porter, la destinent dans un premier temps au secteur du divertissement.

Plus tard, elle se verra confier la tâche moins gratifiante de tester des machines de sport et autres appareils pour le compte des humains.

Les Japonais, poussés par les pouvoirs publics, attendent des robots, y compris des femmes, qu'ils fassent à leur place ce qui est pénible, dangereux ou ingrat.