Si la poignée de secteurs technologiques qui s'estimaient à l'abri du ralentissement économique il y a quelques semaines commence à revoir leurs prévisions à la baisse, il y en a au moins un pour qui les semblent toujours aller rondement: celui de l'impartition des services informatiques. Et il n'y a pas que les gros acteurs qui en profitent...

Le mois dernier, le géant américain IBM publiait ses résultats financiers pour 2008. Au menu, des revenus records, des profits records, un bénéfice par action record, bref, que du bon. Big Blue terminait cette présentation avec ses prévisions pour 2009. Contrairement aux analystes indépendants, qui ont généralement revu leurs estimations à la baisse pour l'ensemble du secteur cette année, IBM prévoit un meilleur rendement encore qu'en 2008. Cela dit, même si les analystes, comme IDC, sont plus prudents, ils demeurent eux aussi optimistes: la croissance sera moins forte qu'estimée, mais il y en aura quand même.

Faire plus avec moins

Les sociétés canadiennes spécialisées dans le secteur des services en technologies de l'information (les fameux services TI) partagent cet optimisme. Pour son premier trimestre de 2009, les revenus du géant montréalais CGI ont atteint pour la première fois le milliard de dollars, la plupart de ses indicateurs financiers étant à la hausse de plus de 10%.

Concentrée dans le marché des PME, Fusepoint, dont les 200 employés sont répartis à Québec, Montréal, Mississauga et Vancouver, connaît elle aussi une croissance accélérée depuis quelques années. Et 2009 ne sera pas différente, assure son président, George Kerns. «En fait, 2007 et 2008 ont été des années formidables, dit-il. Et 2009 devrait être de la même lignée. Nous avons eu une croissance annuelle de plus de 20% et nous ne voyons pas pourquoi ça devrait être différent cette année. Le secteur des services TI n'est pas à l'épreuve de la récession, mais il y résiste particulièrement bien.»

En période de ralentissement, les entreprises tentent de faire plus avec moins, et c'est évidemment la promesse faite, à tort ou à raison, par les solutions d'impartition de services TI. D'où leur popularité continue, estime néanmoins Pierre Root, chef de l'exploitation d'Oriso, qui offre des services TI aux PME de plus petite taille. «Les entreprises qui coupent vont parfois impartir leurs systèmes informatiques à l'extérieur, dit-il. C'est un des moteurs de croissance du secteur des services TI.»

Les nouvelles technologies émergentes, comme l'informatique dans le nuage, en sont un autre, ajoute pour sa part George Kerns. «De nouvelles technologies de rupture (disruptive technologies) pourraient émerger, comme les logiciels de virtualisation ou tout ce qui fait baisser le coût de la réseautique.»

Embauches à prévoir

En croissance accélérée depuis cinq ans, Fusepoint devra continuer à embaucher, encore cette année, allant manifestement à l'encontre de la tendance générale. L'entreprise pense devoir ajouter une trentaine d'employés au cours des prochains mois. Elle ne sera certainement pas la seule à le faire, la direction de CGI ayant laissé entendre le mois dernier qu'elle manquait elle aussi de personnel dans ses bureaux au Québec.

Oriso compte embaucher elle aussi. M. Root admet que ce n'était pas une certitude, au départ. «Au début de la crise, on se demandait si on n'allait pas perdre des clients, mais finalement, ce n'est pas le cas.» L'entreprise de la Rive-Sud compte passer d'une vingtaine d'employés à l'heure actuelle à 26 ou 27 employés d'ici la fin de l'année. «On réalise que les TI sont devenues comme l'eau ou l'électricité. Pour de nombreuses entreprises, c'est un service vital», dit M. Root.