C'est l'hécatombe du CD partout sur la planète. Au Québec, c'est 15% de ventes de moins en 2008 par rapport à l'année précédente. Mais les Québécois achètent de plus en plus leur musique sur le web.

Même s'il reste loin des niveaux atteints ailleurs dans le monde, le marché québécois de la musique numérique a fait un bond spectaculaire en 2008. La part du numérique, pistes et albums téléchargés, dans les ventes totales de musique a doublé, passant de 3,7 à 7,4%.

 

La chute des ventes de CD aura toutefois été la plus importante enregistrée depuis plusieurs années au Québec. Les ventes d'albums ont reculé de 15%, tandis qu'à l'inverse les téléchargements ont explosé de 59% Il s'agit de la quatrième année consécutive de baisse des ventes d'albums au Québec.

Au total, la consommation de musique reste relativement stable puisque plus de 14 millions d'enregistrements sonores, 9,7 millions de CD et 4 millions de pistes numériques téléchargées, se sont vendus en 2008 selon les chiffres de l'Institut de la statistique du Québec. Cependant, malgré sa vigueur, la hausse du marché numérique ne réussit pas encore à compenser les pertes enregistrées par l'industrie pour la chute vertigineuse des ventes de CD.

La croissance de pistes téléchargées au Québec, 59%, ressemble à celle qui existe au Canada, 58%, mais ces statistiques sont supérieures aux hausses des téléchargements à la pièce qui existent aux États-Unis, 27%, et en France, 20%.

«L'industrie doit s'adapter, pense le producteur Michel Laverdière. On ne peut pas traduire devant les tribunaux tous les jeunes qui font des téléchargements. La musique est devenue un phénomène d'écoute privée. Il faut changer le marketing pour atteindre ce marché.»

L'ADISQ demande depuis longtemps des mesures gouvernementales afin d'aider les maisons de disques à s'adapter au marché numérique. Ces demandes demeurent sans réponse pendant qu'en France un projet de loi antipiratage est déjà à l'étude.

Aux yeux de l'ADISQ, le problème en est aussi un de diffusion. Michel Laverdière soutient qu'en présence de grands réseaux radio désormais, les producteurs ont perdu des pistes d'atterrissage pour les artistes et leurs disques.

«Avant, même si on n'avait pas de succès à Montréal, on pouvait vendre des artistes partout au Québec dans les radios indépendantes. Aujourd'hui, les décisions se prennent à Montréal et le produit radiophonique est uniformisé.»

Le phénomène est connu. Pour diversifier leurs contenus musicaux, les jeunes téléchargent davantage de musique sur le web. En 2008, la vente d'albums numériques a connu une augmentation en flèche, plus de 400 000 unités vendues, soit une hausse de 76% par rapport à l'année 2007.