Le conglomérat industriel japonais Toshiba a annoncé jeudi la suppression de 4500 postes dans ses activités électroniques et diverses autres mesures d'économie à cause de la crise qui l'a fait sombrer dans le rouge vif.

Toshiba a reconnu avoir subi de lourdes pertes au terme des neuf premiers mois de l'exercice 2008-2009, et lancé un sévère avertissement sur ses résultats annuels plombés par des ventes en berne et un yen en hausse fulgurante.

«La conjoncture s'est terriblement aggravée durant l'année en cours et la prochaine s'annonce également très difficile», a expliqué un dirigeant du groupe, Hatsutoshi Nishida, lors d'une présentation des comptes aux analystes.

Cette déconvenue découle du creusement pire que prévu de son déficit dans le domaine des semi-conducteurs (mémoires flash NAND essentiellement) et du plongeon des bénéfices tirés des appareils grand public malmenés par une concurrence féroce.

Via la réduction des effectifs et diverses autres mesures, «notre but est de garantir une rentabilité dans l'année à venir même si le chiffre d'affaires stagne», a-t-il poursuivi pour expliquer les décisions prises (restructuration dans le domaine des mémoires, des dalles d'écran LCD, report de projets, contraction des investissements, etc.).

Sur les mois d'avril à décembre, Toshiba a déjà enduré une perte nette de 159,6 milliards de yens (1,33 milliard d'euros) pour un chiffre d'affaires qui a chuté de 10,5% sur un an à 4.984 milliards de yens.

La hausse de la devise japonaise face au dollar et à l'euro, couplée à un net déclin des prix des mémoires flash NAND (une spécialité du groupe), a durement affecté sa santé financière.

Toshiba, qui avait déjà fortement abaissé ses prévisions mi-septembre, s'attend désormais à une perte nette massive de 280 milliards de yens (2,33 milliards d'euros) et à un déficit d'exploitation du même montant.

Son chiffre d'affaires annuel, qui devait initialement rester à peu près étale par rapport à l'exercice passé à 7.700 milliards de yens, devrait finalement s'effondrer de quelque 1.000 milliards de yens à 6.700 milliards (-12,5% sur un an).

Le troisième trimestre (octobre à décembre), pendant lequel la récession internationale s'est confirmée, a été terrible pour les finances du groupe.

«Même si durant ces mois l'activité des équipements publics (centrales électriques, ascenseurs, etc.) est redevenue profitable, cela n'a pas compensé les pertes de celle des semi-conducteurs et la chute des bénéfices dans les produits électroniques et électroménagers», a déploré Toshiba.

Cependant, en dépit des difficultés actuelles qu'il rencontre avec ses mémoires Flash, le groupe est loin d'y renoncer. Il va au contraire reprendre pour 160 milliards de yens (1,3 milliard d'euros) à l'américain SanDisk une partie des usines qu'il détient en commun avec ce dernier au Japon.

«Nous pensons qu'à long terme le marché des mémoires flash va continuer de croître grâce aux besoins pour les téléphones portables, les PC, divers produits électroniques et ménagers», a justifié Toshiba.

«En reprenant à notre partenaire des installations déjà en place, nous pourrons élever notre production pour un coût inférieur à celui exigé par la construction de nouvelles lignes et cela nous permettra d'aller plus vite», a-t-il ajouté, pensant que seuls les plus gros et les plus connus survivront.

Il va aussi continuer de consolider les domaines dans lesquels il dispose de technologies de pointe, dont les supports de stockage de masse.

Autre priorité: les infrastructures publiques, dont les centrales électriques, une activité pour laquelle il prévoit de titulariser 500 salariés temporaires, redoutant une chasse à la main-d'oeuvre qualifiée dans ce secteur porteur.

Toshiba espère en effet être choisi d'ici 2015 pour construire un total de 39 réacteurs nucléaires dans le monde.